Rabaska et énergie Cacouna: une demande d’autorisation serait farfelue aujourd’hui

Par | 19 août 2009 |

Source: Le Soleil

Les projets Rabaska et énergie Cacouna paraissent de plus en plus fantomatiques. à tel point qu’une demande d’autorisation aujourd’hui pour un port méthanier sur le Saint-Laurent à plus d’un milliard de dollars pièce serait farfelue dans le contexte actuel des faibles prix du gaz en Amérique du Nord.

Cette opinion n’est pas celle d’un opposant au projet Rabaska, mais celle d’un commissaire aux audiences publiques sur l’environnement qui a donné son imprimatur au projet d’énergie Cacouna, il y a deux ans.

« Quand nous avons analysé le projet d’énergie Cacouna, le prix du gaz était plus élevé en Amérique du Nord qu’en Europe. Il y avait une pertinence économique à vouloir avoir un terminal méthanier sur le Saint-Laurent pour acheter du gaz à moindre prix. Depuis ce temps, la situation s’est inversée. Le prix du gaz est moins cher sur le marché nord-américain et la tendance ne devrait pas changer avant plusieurs années, si elle devait changer », a affirmé au Soleil Jean-Thomas Bernard, économiste et professeur à l’Université Laval.

Cet expert sur les questions d’énergie avait été nommé par le gouvernement fédéral pour siéger à la commission fédérale- provinciale d’examen environnemental du projet de terminal méthanier à Gros-Cacouna.

Avec ce nouveau contexte, M. Bernard ne croit pas en la construction de ports méthaniers sur le Saint-Laurent. « Le ministre de l’Environnement ne donnerait même pas suite aujourd’hui à une demande d’autorisation pour un port méthanier avec la possibilité d’audiences publiques. Je ne pense pas également que des promoteurs privés se lanceraient dans des études pour un tel projet sachant qu’énergie Cacouna et Rabaska ont dépensé des dizaines de millions de dollars pour leur projet », a ajouté M. Bernard.

Selon le professeur, le prix du gaz sur le marché nord-américain plafonnera à un niveau inférieur à celui vendu en Europe et en Asie en raison de la découverte récente aux états-Unis d’une nouvelle technique d’extraction du gaz dans les schistes.

« Il y a des dépôts très importants de ces gaz schisteux dans les Appalaches entre la vallée du Saint-Laurent et le Texas et au Colorado. C’est plus coûteux à extraire que le gaz classique. Ces nouveaux approvisionnements vont mettre un plafond au prix du gaz sur le marché nord-américain à un niveau moins élevé qu’en Europe, ce qui enlève l’intérêt d’avoir des ports méthaniers en Amérique du Nord », a-t-il expliqué.

Hausse du prix du gaz
Le mois dernier, le président de Rabaska, André L’écuyer, a minimisé l’importance du gaz qui pourrait être extrait des schistes. « Les preuves restent à faire. On ne connaît ni l’ampleur des volumes qui seront soutirés ni à quel prix cela pourra se faire », a-t-il écrit dans une lettre de réplique à deux opposants au projet Rabaska.

Il mise sur la reprise économique pour pousser le prix du gaz à la hausse et justifier la construction du terminal méthanier à Lévis d’ici peut-être 20 ans. « Les prix des hydrocarbures ont grandement chuté. Mais la reprise viendra, et le prix du gaz naturel montera à nouveau. Il faut regarder les perspectives sur 5, 10, 20 ans et pas seulement cette année, alors que nous sommes dans une situation conjoncturelle particulière », a-t-il plaidé.


Article de Pierre Pelchat. Reproduit avec autorisation.

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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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