Le pont de Québec rouillé pour longtemps

Par | 9 octobre 2010 |

Article de Josée Guimond. Le Soleil.

Il y a des sujets de discussion qui ne sont pas des hasards. Prenez celui du pont de Québec, abordé à la rencontre des chambres de commerce de Québec et de Lévis, hier. Une priorité, selon le nouveau président de la Chambre de commerce de Québec. Malgré les voix conjointes qui se sont élevées, de nouveau, pour demander au propriétaire actuel du pont, le CN, de redonner à l’ouvrage historique son lustre d’antan, l’entreprise garde le cap: aucuns travaux d’embellissement du pont de Québec ne sont envisagés.

L’événement annuel des chambres de commerce présentait une conférence de l’historien Michel L’Hébreux, spécialiste du pont de Québec. L’endroit n’aurait pu être mieux choisi: par les grandes baies vitrées de l’Aquarium du Québec, la structure rouillée du pont n’était que plus évidente. « On a même pensé faire une corvée avec nos enfants et le repeindre en bleu », a lancé mi-sérieux mi-blagueur (en faisant référence à la Marche bleue), le président de la Chambre de commerce de Lévis, Harold Couturier, qui fait sienne la priorité exprimée récemment par Luc Paradis, le président de la Chambre de commerce de Québec, quant à la revitalisation nécessaire du pont.

« Ça n’a pas de sens de laisser une merveille du monde se détériorer comme ça », ajoutait M. Couturier, à la fin de la présentation de l’historien. « J’en appelle aux autorités concernées : peut-on l’entretenir ? », a conclu Luc Paradis.

Les « autorités concernées » étaient présentes, hier matin. La directrice des affaires publiques et gouvernementales pour le CN, Julie Senécal, comprend la demande des gens d’affaires, mais reste inflexible. « On comprend l’importance patrimoniale, mais notre seule obligation est de nous assurer que le pont soit sécuritaire », explique-t-elle, ajoutant que le CN ne repeint aucune de ses infrastructures (même si certaines zones du pont ont déjà été retouchées), et que le pont de Québec ne fera pas exception.

Le CN entretient le pont depuis 1923 et en est propriétaire depuis que la société a été privatisée, en 1995. L’entreprise estime que les frais annuels d’entretien peuvent grimper jusqu’à 1,5 million $. Le CN a offert au fédéral de lui rendre la propriété de l’ouvrage, pour un symbolique 1 $, mais Ottawa veut plutôt obliger l’entreprise à repeindre la totalité du pont, ou à rembourser les 6 millions $ qui lui avaient été versés à cet effet. L’affaire est toujours devant les tribunaux.

Du côté du gouvernement du Québec, maintenant pointé com­me utilisateur principal du pont, avec les 35 000 véhicules qui y circulent chaque jour, on demeure prudent. L’attaché de presse du ministre des Transports et responsable de la région, Sam Hamad, mentionne, lui aussi, la cause devant les tribunaux. « Mais c’est un sujet de préoccupation important pour le ministre et il suit le dossier depuis longtemps », précise Alexandre Boucher.

Sam Hamad avait par ailleurs estimé, en août dernier, que sa nomination aux Transports pourrait avoir un « impact important » pour la capitale, citant justement le dossier du pont de Québec.

Enfin, une entente datant de 1949 et qui fait en sorte que le provincial verse 25 000 $ annuellement pour l’entretien du pont vient à échéance en 2012 et devra être renégociée « largement » à la hausse, estime le CN. Le porte-parole de Sam Hamad confirme que des négociations à ce sujet débuteront dès le début de l’an prochain.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Catégorie(s) : Patrimoine,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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