Le pont de la honte

Par | 31 janvier 2008 |

Article de Alain Bergeron. MédiaMatinQuébec.

Le pont de Québec immaculé auquel rêvaient ses défenseurs s’est plutôt transformé en différend devant les tribunaux. Résultat: une porte défraîchie accueillera la visite durant l’année du 400e.

« C’est gênant! Notre objectif était d’arriver en 2008 pour qu’on soit fiers de notre pont. C’est plutôt devenu une honte », se désole Michel L’Hébreux, de Saint-Romuald, une référence dans l’histoire de ce fascinant monstre d’acier.

Impasse
Auteur de trois ouvrages, L’Hébreux dit avoir prononcé plus de 1000 conférences depuis 1971 sur cette oeuvre d’ingénierie unique au monde. Or, l’aspect terni de son « ami » vient le heurter dans sa passion.

Moitié gris, moitié rouille, le résultat actuel ne correspond pas à celui que souhaitait le comité formé pour sa sauvegarde, en 1987. Pourtant, des travaux majeurs de 60 millions avaient été entrepris en 1997 pour redonner l’apparence d’origine à cet ouvrage livré en 1917.

Mais une série de revirements, joués autant dans les hauteurs du pont que devant les tribunaux (voir texte en page 4), ont laissé le chantier en plan. Depuis, l’impasse persiste à la suite d’une poursuite du gouvernement fédéral qui demande au Canadien National (CN) de respecter le contrat l’obligeant à « assurer la viabilité à long terme » du pont.

La facture totale grimperait maintenant à 140 millions, selon de nouvelles observations. Si Ottawa et Québec étaient disposés à étirer 25 millions supplémentaires chacun, relate le « spécialiste » Michel L’Hébreux, le CN a plutôt dit ne plus vouloir investir un rond de plus que les 36 millions prévus à son engagement initial. Cette patate chaude a fait quitter les ouvriers pour de bon.

« La cause est toujours devant les tribunaux. Alors, on ne peut commenter », affirme Marie-Pierre Simard, attachée de presse du député conservateur de Lévis-Bellechasse, Steven Blaney.

« On ne commente pas le dossier, parce qu’il y a des procédures légales entreprises. C’est devant les tribunaux. Alors, on va attendre », se limite à dire la directrice des relations publiques du CN, Julie Senécal.

« Malgré son esthétique, le pont est en bonne condition. Il n’y a aucune inquiétude à avoir sur sa condition structurelle », tient à ajouter la porte-parole de la compagnie ferroviaire.

En 2012
Un engagement remontant à l’époque du premier ministre Maurice Duplessis, en 1949, amène le gouvernement du Québec à verser 25 000 $ par année pour permettre aux automobilistes d’utiliser la voie carrossable du pont. Cette entente, dont l’échéance est prévue en 2012, pourrait expliquer le refus du CN à injecter de nouvelles sommes dans la restauration.

« On pense que le CN attendra en 2012. La facture soumise au gouvernement du Québec deviendra alors sûrement plus importante que 25 000 $ par année », prétend Michel L’Hébreux.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) consacre également quelque 100 000 $ par année à l’entretien des trois voies de circulation et du trottoir. En 2006, il a procédé à des travaux de 630 000 $ pour solidifier les poutres supportant les voies routières.

« La rouille sur le pont, on n’a pas d’opinion là-dessus. La structure demeure la propriété du CN », précise Guillaume Lavoie, agent d’information à la direction Chaudière-Appalaches du MTQ.


Reproduit avec autorisation

Catégorie(s) : Patrimoine,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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