Pour les fêtes du 400e, un pont de Québec… rouillé – La Coalition pour la sauvegarde envisage une poursuite

Par | 16 décembre 2004 |

Article de Simon Boivin. Le Soleil.

De toute évidence, le pont de Québec ne sera pas sur son trente-six pour les fêtes du 400e. Les négociations sont au point mort quant la poursuite des travaux. A un point tel qu’une poursuite se profile l’horizon. L’entente de 60 millions $ pour la réfection du pont cantilever le plus long au monde arrivera terme en 2006. A ce moment, les poutrelles rouilles y seront encore largement majoritaires. « Entre 30 et 40 % du pont aura t complété », affirme André Caron, du ministre des Transports du Qubec (MTQ). Environ 50 millions $ supplémentaires seraient nécessaires, selon lui, pour terminer le travail.

Tant du côté d’Ottawa que de celui de Québec, on se tourne vers le propritaire du pont, le Canadien National (CN), pour relancer les pourparlers. « C’est sûr qu’il y a certaines pressions en raison du 400e de Québec et 2008, indique Pierre Leclerc, porte-parole du CN. On comprend ça, mais la direction a pris des décisions réfléchies. Aujourd’hui, l’information est toujours qu’on n’investira pas plus de sous pour la réfection du pont de Québec. » Et, même si les sommes étaient au rendez-vous, il est loin d’être certain que les travaux seraient terminés pour les célébrations. « a ne semble pas possible techniquement de réaliser l’ensemble des travaux pour 2008, ajoute M. Caron, du MTQ. (…) Techniquement, a semble très difficile, mais les paramètres financiers sont les plus contraignants. »

Ratifiée en 1997, l’entente sur 10 ans prévoit un partage des coûts entre le CN (36 millions $), Qubec (18 millions $) et Ottawa (6 millions $). Divers imprévus, dont un resserrement des normes environnementales, ont gonflé la note de plusieurs dizaines de millions de dollars.

« Le CN est le propritaire du pont et nous n’avons pas eu d’autres demandes pour des fonds supplémentaires, indique le porte-parole de Transports Canada, Brian McGregor. Le CN est responsable. »

Mme chose au MTQ, qui, après avoir manifesté un intérêt pour la poursuite des travaux, attend que le propritaire se positionne. « Actuellement, il n’y a aucune ngociation », indique M. Caron.

Au CN, on dit que les 36 millions $ convenus auront t investis et que la priorité était les travaux de sécurisation du pont. Il est maintenant « sécuritaire pour de nombreuses années », assure-t-on. Consciente de « l’irritant potentiel visuel », l’entreprise n’a toutefois plus de programme pour repeindre les ponts. « Il y a de l’entretien, mais on ne repeint plus les ponts travers le réseau, affirme M. Leclerc. (…) Avoir une couche de peinture amène une protection supplémentaire, cependant, lorsqu’on voit la rouille sur un pont, ça devient aussi une couche protectrice. »

Poursuites
Pour le président de la Coalition pour la sauvegarde et la mise en valeur du pont de Qubec, Jacques Jobin, l’équation est simple : un pont qui rouille est un pont qui se détériore. Laisser la situation perdurer revient condamner la structure.

La Coalition a remis le dossier dans les mains d’un avocat et doit obtenir un avis juridique dès le début de l’année prochaine. Si l’avis est positif, l’organisme compte mettre des procédures en branle rapidement. « Le pont a été classé élément du patrimoine national par le gouvernement canadien et est considéré de par le monde comme une oeuvre du génie humain, affirme M. Jobin. Et le monde va voir, en 2008, comment nous traitons une oeuvre du génie humain. On la laisse rouiller. »

Il est de la responsabilit du gouvernement fédéral, estime M. Jobin, d’agir en tant que gardien des ententes sur la réfection du pont. Si le CN ne consent pas terminer les travaux, dit-il, Ottawa doit redevenir le propriétaire du pont et des terrains qui ont été cédés la compagnie en 1993.

Le ministre des Transports du Québec n’exclut pas non plus la possibilité d’emprunter la voie des tribunaux pour que la réfection soit complétée. « On pense que l’esprit de l’entente concernait la restauration complète du pont, dit Andr Caron, du MTQ. (…) Effectivement, ces éléments (obligations légales) vont être examinés tant de notre côté que chez Transports Canada. Il y a des vérifications qui vont être faites sur le plan légal, mais on n’est pas rendu là. Ce n’est pas la première voie à explorer. »


Article reproduit avec autorisation.

=> Voir aussi l’article et le reportage sur Radio-Canada.ca.

Catégorie(s) : Patrimoine,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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