Qui pourra relancer le chantier Davie ?

Par | 3 avril 2010 |

Article de Pierre Couture. Le Soleil.

Il faudra trouver beaucoup d’argent pour relancer les activités du chantier maritime Davie de Lévis. Or, aucun actionnaire actuel de l’entreprise n’a les reins financiers assez solides pour assurer une telle mise de fonds.
Placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers depuis le 25 février, Chantiers Davie ne sait toujours pas quand elle relancera ses activités.

La semaine dernière, le chantier maritime a obtenu une ordonnance de la Cour supérieure pour prolonger au 25 mai sa période de protection à l’abri de ses créanciers.

Chantiers Davie dit compter tout près de 21 millions $ pour assurer sa survie jusqu’au 25 mai. à cette date, l’entreprise n’aura plus que 13 millions $ en liquidités.

Selon les données publiées par le syndic Samson Bélair, le chantier maritime compte à ce jour une impressionnante liste de plus de 300 créanciers dont les som­mes impayées s’élèvent à plus de 60 millions $.

Hier, plusieurs sources près du dossier ont confirmé que les montants d’argent nécessaires pour relancer la construction des trois navires en chantier seront considérables. On parle d’une somme variant entre 60 et 70 millions $.

Mais voilà, une analyse rapide des états financiers des propriétaires actuels du chantier maritime démontre qu’ils sont loin d’avoir cet argent en poche. Pire, leurs facilités de crédit se seraient détériorées ces derniers mois.

L’actionnaire de contrôle du chantier maritime, la compagnie norvégienne Teco Maritime ASA, ne roule pas sur l’or ces temps-ci. L’an dernier, l’entreprise cotée à la Bourse d’Oslo a déclaré une perte nette de 5,6 millions $CAN.

En 2008, Teco n’avait également pas eu la main heureuse en enregistrant une perte nette annuelle de 3,5 millions $CAN. La construction de navires n’a d’ailleurs jamais été une grande spécialité pour l’entreprise norvégienne, Teco ayant toujours travailler dans la réfection de réservoirs de navires-cargos avant d’acquérir en 2006 le chantier maritime de Lévis.

L’an dernier, lors de la fermeture temporaire du chantier maritime en raison d’un manque de liquidités, Teco n’avait d’ailleurs pas été en mesure de remettre de l’argent dans l’aventure.

Teco avait plutôt obtenu des deux principaux clients du chantier maritime (Cecon et Ocean Hotel) un rehaussement du coût de construction des cinq navires en commande de 60 millions $US.

L’un des clients du chantier maritime, Cecon ASA, est d’ailleurs devenu actionnaire (33 %) de Chantiers Davie après avoir revu à la hausse la valeur des contrats des navires passés à la Davie. La valeur des trois bateaux commandés à la Davie par Cecon s’élève maintenant à près de 450 millions $US.

Cotée à la Bourse de Norvège, Cecon ASA n’est toutefois pas une entreprise aux ressources financières profondes. L’an dernier, Cecon a dégagé un bénéfice de 7 millions $CAN.

Cependant, son titre boursier a été très malmené depuis que Chantiers Davie s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Le titre de Cecon ne vaut plus que 20 ¢CAN à la Bourse d’Oslo.

Quant à Ocean Hotel, ce client de la Davie est ni plus ni moins une filiale appartenant à Offshore Holding AS dont l’actionnaire de contrôle est nul autre que Teco Maritime ASA.

Le fédéral à la rescousse ?
Ce qui nous amène au gouvernement fédéral, dont la participation dans le chantier maritime demeure significative par l’entremise d’Exportation et développement Canada (EDC).

Cette société d’état fédérale, par une série de garanties de prêts sur les coques des navires en construction, a injecté jusqu’à maintenant près de 200 millions $ dans le chantier.

Possibilité parmi tant d’autres, EDC pourrait ainsi reprendre les rennes du chantier et terminer les contrats, a fait savoir une autre source suivant de près la saga Davie. « Sans un engagement clair du fédéral, il apparaît peu probable une relance possible du chantier », a-t-elle laissé tomber.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

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