Viaduc de Saint-Rédempteur : deux fois et demi plus cher

Par | 12 août 2010 |

Article de Isabelle Mathieu. Avec la collaboration de Pierre Pelchat. Le Soleil.

Mauvaise surprise pour les contribuables : le nouveau viaduc et lien routier de Saint-Rédempteur dans l’ouest de Lévis coûtera deux fois et demi plus cher que prévu, a appris Le Soleil. La facture passe de 9 à 21 millions $ en raison, notamment, d’un sol plus instable.

Annoncé en grande pompe le 2 mars après un quart de siècle d’attente, le projet de viaduc et de lien routier dans le prolongement de la 7e Rue à Saint-Rédempteur obligera la Ville de Lévis et ses partenaires, le gouvernement du Québec et celui du Canada, à allonger 12 millions $ supplémentaires.

En fait, confie la mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli, en entrevue téléphonique, le tracé initial a dû être carrément abandonné après l’annonce officielle.

Le ministère des Transports (MTQ) s’est en effet rendu compte que la nouvelle route lévisienne viendrait gruger une énorme partie du terrain de sa halte routière de Saint-Nicolas. « On n’avait pas été informé de cet empiètement et on a demandé à la Ville de revoir le projet », explique Guillaume Lavoie, porte-parole du MTQ.

La composition du sol est venue grandement compliquer le portrait. Des études géotechniques ont en effet révélé que, du côté sud du futur viaduc, le sol renfermait plus de glaise et avait une moins bonne capacité portante.

« Il y a une problématique au niveau des sols, de sorte que les piliers du viaduc devront être spéciaux, avec une technique particulière, confirme Danielle Roy Marinelli. Le fait que la capacité portante n’est pas idéale nous oblige aussi à avoir des approches plus longues pour le viaduc ».

Ce sol moins stable commande également des travaux de remblai évalués à 5 millions $ et l’érection d’un muret de soutènement au coût de 3,3 millions $.

C’est la firme GENIVAR qui a réalisé un concept et une évaluation des coûts en 2002. Cette estimation des coûts, actualisée avec les valeurs de 2010, a été faite correctement en ce qui concerne le viaduc, affirme la mairesse. Mais force est de constater qu’il manquait beaucoup d’informations au sujet des terrains où allaient être construites les bretelles menant à la structure, depuis la 19e Rue, du côté est, et depuis le chemin Industriel, du côté ouest.

Par exemple, l’estimation de 9 millions $ ne tenait pas compte des coûts pour protéger, à l’aide de remblais, les lignes électriques d’Hydro-Québec (500 000 $). Ni des frais pour réaménager l’accès à la halte routière de Saint-Nicolas. Et on avait oublié une dépense de 1 million $ pour des acquisitions de terrains.

En outre, le Canadien National (CN), propriétaire de la voie ferrée qui sera enjambée par le nouveau viaduc, est arrivé avec une facture de 300 000 $ pour assurer la sécurité du transport ferroviaire durant les travaux. Et comme une bonne partie des travaux sera effectuée en hiver, la facture gonfle d’un 300 000 $ supplémentaire.

Depuis des décennies, les gens de Saint-Rédempteur se plaignent des délais interminables pour sortir de leur quartier, doté d’un seul accès vers l’autoroute et coupé en deux par la voie ferrée.

La mairesse de Lévis a toujours confiance que les premiers travaux pourront commencer au cours des prochaines semaines et qu’ils seront terminés, pour l’essentiel, au printemps prochain.

En plus des trois voies pour les automobiles, le viaduc sera muni d’un trottoir et d’une piste cyclable qui permettra aux motoneigistes d’éviter de traverser la voie ferrée. Un carrefour giratoire devra aussi être aménagé à l’ouest de la nouvelle rue.

Le nouveau viaduc et le tronçon routier entre le chemin Industriel et la rue de l’Aréna rendra possible un nouveau développement résidentiel à Saint-Rédempteur sur une superficie de 24 hectares.

Une facture à partager
Au départ, le projet de 9 millions $ était financé aux deux tiers par le gouvernement fédéral et provincial, dans le cadre du Fonds de stimulation de l’infrastructure, laissant un 3 millions $ pour Lévis. La mairesse estime que le dépassement de coûts de 12 millions $ devra aussi être partagé entre les trois partenaires. « Il reste des sous dans les enveloppes, dit Danielle Roy Marinelli. On sait qu’il y a des projets qui ne pourront pas être réalisés dans les délais prescrits dans les programmes d’infrastructures et ça libère des sommes ». Cette facture imprévue de 4 millions $ (le tiers du dépassement de coûts) forcera Lévis à remettre certains travaux, concède la mairesse.

Le député de Lotbinière€“Chutes-de-la-Chaudière, Jacques Gour­de, ne s’engage pas formellement, mais dit que le fédéral va tout faire pour accompagner Lévis. « C’est un projet majeur pour ce secteur, pour la qualité de vie de ces gens-là et pour leur sécurité », dit M. Gourde. Au cabinet du ministre des Affaires municipales Laurent Lessard, la porte-parole émilie Lavoie indique que vu l’ampleur des changements dans l’évaluation des coûts, « le dossier devra être revu au complet ».


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

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