Source : Journal de Lévis
Déçu de la démolition complète des ruines de l’abbaye Cistercienne de Saint-Romuald le 30 novembre dernier, Gaston Cadrin du GiRAM s’est présenté en conseil de ville le 1er décembre, armé du reste de la croix du monastère. « Ce sera une première pièce pour votre musée des bâtiments patrimoniaux incendiés à Lévis », a-t-il lancé à la mairesse de Lévis.
Appuyé de deux photographies prises le jour de l’incendie (25 octobre), à 8h30 et à 10h, il a tenté de démontrer à Danielle Roy Marinelli que l’incendie était pratiquement contrôlé vers 10h, comme l’illustre la seconde photo. Il a soutenu qu’il n’était alors pas nécessaire de détruire à coups de pelles mécaniques le bâtiment aussi hâtivement. « Pourquoi tout bulldozer alors que l’incendie était maîtrisé», a-t-il questionné. Il a ainsi remis en question la protection qu’assurait la Ville de Lévis envers ses bâtiments patrimoniaux.
Il a rappelé d’autres incidents qui font foi d’un manque de considération de la Ville pour ces bâtiments à valeur historique, tel que l’incendie de la maison Guay en 2002 et de l’ancien poste de pompier de l’Hôtel de Ville à Saint-Romuald. M. Cadrin avait par ailleurs suggéré par voie de communiqué, à la suite de l’incendie, que le presbytère, passablement affecté par les flammes, soit rénové et utilisé comme bâtiment d’accueil du parc riverain. Il a souligné par la suite en entrevue téléphonique qu’il n’y avait qu’à Lévis que l’on ne tentait pas de sauvegarder les bâtiments patrimoniaux. M. Cadrin a cité en exemple le Manège militaire de Québec, dont les restes sont toujours en place et des nombreux lieux en Europe où les ruines sont toutes conservées. Malgré le froid et le gel, il a insisté sur l’existence des méthodes particulières qui permettent de conserver ces traces historiques.
La mairesse réplique
La mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli, lui a répondu en conseil de Ville que les pompiers avaient expliqué pourquoi ils avaient pris cette décision et qu’ils devaient agir ainsi dans les circonstances. Elle a également rappelé la volonté qu’avait la Villede Lévis de déclarer l’abbaye des Cisterciennes « patrimonial ». « Toutefois, nous avons eu une saga dans le secteur et maintenant, la propriété appartient au privé », a-t-elle conclu. Rappelons qu’après le départ des « Trappistines », la firme immobilière Cominar avait manifesté le désir d’implanter un développement immobilier sur le site, mais le projet tomba à l’eau. C’est finalement Ultramar qui racheta la propriété pour augmenter sa zone tampon.
L’abbaye fut par la suite la proie de vandales et de saccages pour finir incendiée. Avant de quitter, M. Cadrin a questionné la Ville afin d’avoir accès au rapport des pompiers concernant le dossier. Après son plaidoyer, il est reparti avec l’énorme croix malodorante. « On appelle ça porter sa croix », a terminé le conseiller Jean-Claude Bouchard, allégeant l’atmosphère.
Article de Marie-Christine Patry. Reproduit avec autorisation.