Ultramar attaque la CPTAQ

Par | 12 décembre 2007 |

Article de Martin Pelchat. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Ultramar en a ras le bol de la lenteur de la Commission de la protection du territoire agricole (CPTAQ) à étudier le tracé de son futur pipeline Saint-Laurent, entre la Rive-Sud et Montréal. Ces délais menacent même de tuer dans l’oeuf le projet de 275 millions $, ainsi que d’autres projets totalisant plusieurs centaines de millions $ à la raffinerie de Lévis, avertit la pétrolière.

« S’il faut faire des projets avec consensus, on n’en ferait plus jamais », lance le vice-président aux affaires publiques d’Ultramar, Louis Forget. « Regardez Rabaska, le problème qu’ils ont, et ils sont dans une municipalité. Nous, on est dans 32 municipalités et huit MRC. S’il n’y a pas un désir politique et des décisions rendues rapidement, on risque d’avoir une mauvaise surprise, de se retrouver avec un projet qui tombe à l’eau. »

« Quand vous parlez avec les gens au ministère du Développement économique, ils vont vous dire qu’à peu près tous les projets actuellement qui sont retardés sont ceux où la CPTAQ est impliquée », ajoute Louis Forget.

Selon Ultramar, c’est surtout en raison de délais « anormaux » à la CPTAQ que le projet de pipeline de 238 km, qui devait entrer en activité en 2009, accuse un retard d’un an. Résultat : la patience de l’actionnaire — la texane Valero — est en train d’atteindre sa limite, d’autant plus que le coût du projet était originalement de 200 millions $. Ajoutez à cela que la pétrolière ne digère pas d’avoir à acquitter 55 % (80 millions $) de la facture totale de la nouvelle taxe verte du gouvernement. « Je peux vous dire que notre actionnaire, de ce temps-là, il ne pense pas que c’est intéressant d’investir au Québec », lance le v.-p.

Si la compagnie devait renoncer au pipeline, ajoute-t-il, c’en est fait de tout autre projet d’importance à Lévis, parce qu’il serait impossible d’y accroître de nouveau la production. Ultramar plaide aussi qu’il n’y a pas d’autre solution de rechange au pipeline que d’augmenter la fréquence de l’impopulaire Ultratrain et des navires vers Montréal, avec les risques pour la sécurité que cela comporte. « On est à 50 000 barils par jour sur Montréal et ça va passer (au printemps) à 100 000. Pas de pipeline, il faudrait soit doubler le nombre de trains-blocs sur Montréal, donc passer à 16 par semaine, soit ajouter des navires ou une combinaison des deux. » Avec le pipeline, plus besoin de ces trains et navires.

Pas de dessaisissement
Ultramar ne réclame pas du gouvernement qu’il dessaisisse la CPTAQ comme pour Rabaska. La compagnie compte cependant sur les audiences publiques pour convaincre la Commission qu’elle a bien fait ses devoirs et que son tracé est le meilleur. Or, la CPTAQ n’a pas encore convoqué les audiences et a tardé, selon Ultramar, à produire une « orientation préliminaire ». Treize mois après le dépôt du projet, la Commission vient de rendre un premier avis défavorable pour près de la moitié du tracé, jugeant que dans 11 municipalités de la Montérégie, il n’était pas le moins dommageable à l’agriculture. Dans 17 villes, l’avis est favorable, mais dans quatre autres, dont Lévis, le tracé n’a pas encore fait l’objet d’une analyse pour cause de demandes incomplètes. Lévis n’a pas attesté de la conformité de la demande au schéma d’aménagement, retard que déplore la pétrolière.

On se défend
à la CPTAQ, on se défend d’être une nuisance. « Les projets d’intérêt public, si vous consultez nos rapports annuels, sont autorisés à hauteur de 75 % et plus, note Lévis Yockell, directeur des services professionnels. Notre travail n’est pas d’examiner l’opportunité de réaliser ce tronçon, mais d’évaluer si c’est l’option qui fait le moins mal à l’agriculture. C’est notre travail de l’examiner kilomètre par kilomètre. » Mais la CPTAQ n’attendra pas que toutes les demandes aient été jugées recevables avant de convoquer des audiences publiques, dit-il. Les producteurs agricoles et les municipalités ont jusqu’au 28 décembre pour les réclamer. à la Ville de Lévis aussi on se défend bien de ralentir indûment le projet. « On est favorables à ce projet parce que l’Ultratrain va couper en fréquence de beaucoup », note Alain Blanchette, chef de cabinet de la mairesse.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Catégorie(s) : Environnement,  Industriel,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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