Édifice dangereux dans la côte du Passage : Lévis songe à poursuivre le propriétaire

Par | 25 mai 2011 |

Article de Stéphanie Martin. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

La Ville de Lévis songe à intenter des poursuites contre le propriétaire de l’édifice de logements de la côte du Passage qui a dû être évacué d’urgence au début mai et qui devra maintenant être démoli.

Le 6 mai dernier, à la suite d’un rapport d’ingénieur concluant que le bâtiment du 36, 38 et 40, côte du Passage était dangereux, la Ville de Lévis a décidé d’évacuer dans un délai de moins de deux heures la dizaine de locataires et de les reloger en attendant qu’ils se trouvent un nouveau toit. Quelques jours plus tard, une autre expertise concluait que l’immeuble allait devoir être carrément démoli.

C’est la Ville qui a engagé des frais pour la sécurisation des lieux et elle compte bien récupérer son argent, a indiqué le porte-parole Christian Brière. « S’il refuse de payer, les frais, on va les charger au propriétaire parce qu’il n’est pas intervenu. » M. Brière a en effet révélé que le propriétaire, Denys Garant, a reçu de la Ville de Lévis des avis d’infraction l’enjoignant de faire des travaux sur son immeuble afin de le garder sécuritaire, mais que ce dernier n’avait pas agi. « Il y avait eu plusieurs avis d’infraction et il n’a pas donné suite » a indiqué M. Brière. Conséquence, l’état de l’immeuble s’est détérioré et cela a mené à son évacuation en catastrophe le 6 mai.

Construction de condos
Les autorités de la Ville connaissaient l’intention de M. Garant de construire des condominiums de luxe à cet endroit. Il avait d’ailleurs déjà enregistré une demande de démolition, demande qui, pour être accordée, doit faire l’objet d’un affichage public et être étudiée par le comité de démolition, devant lequel les citoyens qui s’opposent peuvent s’exprimer. Sauf que dans le cas présent, la demande ne s’est pas rendue devant le comité, car elle avait été jugée incomplète.

Quant à savoir depuis quand la Ville était au courant de la non-conformité de l’édifice, le directeur des communications n’a pas voulu donner de précisions. « Comme c’est un dossier qui va être en litige devant les tribunaux éventuellement, il y a des choses qu’on ne peut pas dévoiler », a dit Christian Brière. Le porte-parole de Lévis assure que la Ville a fait ses devoirs en prenant en charge les locataires évincés. « On a agi au-delà de notre responsabilité, dans le sens qu’on a pris soin de ces gens-là, on ne les a pas laissé tomber. Pour nous autres, ce qui était important, c’était de relocaliser les gens. Notre première préoccupation, c’était de faire en sorte que les gens soient en sécurité. »

En ce qui concerne la démolition, aucune date n’a encore été arrêtée, indique M. Brière. « On a sécurisé les lieux et des négos vont se faire avec le propriétaire », qui devra assumer la facture de démolition de l’édifice.

Le propriétaire de l’immeuble, Denys Garant, n’a pas rappelé Le Soleil hier, ni la semaine dernière.

« C’est rire de nous »
Caroline La Fontaine en a gros sur le coeur. Elle déplore que les locataires aient à payer pour un propriétaire qui n’a pas pris ses responsabilités.

Non seulement elle recevra une indemnisation qu’elle juge nettement insuffisante pour couvrir les frais qu’elle a dû engager depuis son éviction de l’immeuble qu’elle habitait avec son fils sur la côte du Passage, mais elle craint de devoir déménager ses affaires avant de pouvoir emménager dans son nouveau logement, ce qui impliquera des frais supplémentaires. Mme La Fontaine indique qu’elle a dû débourser plusieurs frais depuis son éviction : la nourriture perdue, les frais de services de télévision, de téléphone et d’Internet, le transport et le service de garde rendus nécessaires pour son fils, etc. Elle ne recevra comme compensation du propriétaire que trois mois de loyer et le paiement de son déménagement. « C’est rire de nous », déplore-t-elle. « C’est le strict minimum et ça ne couvre pas nos frais. »

Même si la Ville ne confirme pas cette information, la rumeur court que l’immeuble pourrait être démoli le 6 juin, indique-t-elle. « On est stressés parce que toutes nos choses sont encore là et qu’on n’aura accès à notre nouveau logement que le 15 juin », déplore-t-elle, avant d’ajouter que la Ville ne fournit aux locataires que très peu d’information sur le sort de l’édifice et sur les raisons qui ont mené à son évacuation.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *