Lévis : des citoyens disent non à la densification

Par | 16 novembre 2010 |

Article de Isabelle Mathieu. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

« J’ai toujours su que j’allais avoir un voisin en arrière de chez moi. Mais je ne veux pas de bloc appartement! »

Le futur quartier résidentiel Roc Pointe irrite les gens de Saint-Nicolas et ils sont venus par centaines, hier, dire aux élus du conseil municipal tout le mal qu’ils pensent de cette densification.

Dans une salle du conseil bondée comme jamais, les fonctionnaires ont décrit le projet qui se situe en face du ciné-parc de Saint-Nicolas, entre la route Marie-Victorin (132) et le fleuve, et entre les chemins Trottier à l’ouest et Forestier à l’est. Ce terrain boisé couvre 100 hectares, l’équivalent de 200 terrains de football, et contient deux petits cours d’eau et des milieux humides à préserver « selon leur valeur », dit la Ville de Lévis.

Comme prescrit par les orientations gouvernementales qui visent à contrer l’étalement urbain, Lévis a choisi de développer à Roc Pointe un quartier de moyenne densité de 1360 unités d’habitation, soit avec des maisons unifamiliales (17 %), mais surtout des maisons en rangée, des jumelés et des édifices de trois étages de 3 à 12 logements. Ces derniers, qui compteront pour 49 % des nouvelles constructions du secteur, dérangent particulièrement les voisins qui, eux, habitent des maisons unifamiliales.

Des commerces de quartier seront bâtis à l’entrée du nouveau lotissement, sur la 132. Un parc de trois hectares près de la falaise et deux autres plus petits seront aménagés, pour un pourcentage de 3,7 % d’espace vert, une proportion «ridicule», disent les citoyens.

Les fonctionnaires et les élus ont eu beau tenter de se faire rassurants, les citoyens n’en sont pas moins déçus et en colère.

« On n’est pas dans du « pas dans ma cour », affirme Alain Demers. On a toujours su qu’on aurait des voisins, mais on nous a toujours dit qu’il y aurait de l’unifamilial derrière chez nous. »

Le directeur de l’urbanisme, Robert Cooke, a rappelé qu’à la grandeur du Québec, le gouvernement veut densifier son territoire pour rendre les services de manière moins coûteuse.

La mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli, a promis que le conseil se pencherait sur le plan d’aménagement pour essayer de minimiser les cas où des maisons unifamiliales voisineront des immeubles d’appartements.

L’enjeu de la circulation
Avec un débit de 11 000 véhicules par jour sur la route Marie-Victorin, l’enjeu de la circulation préoccupe les citoyens. La situation du trafic n’est déjà pas vivable avec le goulot d’étranglement vers les ponts, a fait valoir Christine Vachon. « Réglons le problème de circulation que nous avons présentement et ensuite, on pourra parler de densification », lance-t-elle.

Les fonctionnaires de la Ville ont tenté de calmer le jeu en promettant un meilleur service de transport en commun. « Vous allez demander à tous les nouveaux résidants de renoncer à leur auto et d’avoir une passe d’autobus? » a lancé un citoyen.

Gilles Guérard, résidant du chemin Trottier, craint l’incidence de ce chantier sur son puits artésien. « Lorsque nos puits s’assécheront ou que l’eau deviendra impropre à la consommation, la Ville a-t-elle prévu des mesures? » La Ville a convenu qu’elle ne connaît pas encore l’effet du projet sur les puits. « Il faut réaliser les études hydrogéologiques et on aura les résultats avant d’émettre les permis », a dit Sébastien Bédard, ingénieur.

Les citoyens ont déposé une pétition réclamant un moratoire sur le projet Roc Pointe jusqu’à ce qu’ils aient eu des réponses sur les enjeux environnementaux.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

3 commentaire sur “Lévis : des citoyens disent non à la densification

  1. Melanie T.

    Il faut saluer l’envergure du projet. Cependant, il est surprenant de constater que les impacts environnementaux, l’accroissement des problèmes de transport ainsi que les répercussions sur les institutions scolaires (dont la capacité ne suffit actuellement pas) sont des problématiques dites considérées sans qu’on ne puisse cependant rien démontrer en termes d’un travail qui se devrait d’être avancé (ou à tout le moins amorcé) pour minimiser les problèmes qui découleront du projet.

    L’ajout d’un meilleur service de transport en commun si c’est là la clé pour résoudre les problèmes de congestion que nous vivons déjà ne répond malheureusement pas aux jeunes familles du quartier. Nombreuses familles doivent déjà accepter que leurs enfants aillent dans une école primaire qui est plus loin de leur résidence. Il faut même accepter que nos deux enfants, de niveau primaire, n’aillent pas à la même école… Au retour au travail, la course aux garderies et école dont les établissements sont malheureusement loin les uns des autres est déjà difficile alors il ne faudrait pas croire que les parents miseront sur le transport en commun.

    Par ailleurs, toujours en matière de transport, l’apparence du pont de Québec trahit la confiance que nous pouvons avoir en notre second lien vers la rive-nord, est-ce que la construction d’un autre pont fait partie des solutions ? J’en doute… Est-il prévu que le service de transport en commun inclut des avions ?

    Si on porte un regard macroscopique sur l’évolution du quartier St-Nicolas, on constate que les projets domiciliaires sont nombreux (et qu’outre le projet Roc-Pointe, d’autres s’ajoutent dans la même période ou le succéderont rapidement) et que les terrains ne se vendent pas si rapidement que cela. Il est vrai que le projet proposé saura plaire aux nouveaux propriétaires, car son emplacement est stratégique… C’est vrai et c’est cet argument vendeur qui gagnera sur tous les problèmes déjà énoncés… Les citoyens déjà établis depuis plusieurs années n’auront qu’une phrase à dire d’ici quelques années : « on avait énoncé ces problèmes, maintenant, nous les subissons».

    J’aime mon quartier. Comme les nouveaux citoyens qui arriveront sous peu, j’ai choisi St-Nicolas pour son emplacement «stratégique», mais aussi … Et ça, on semble vouloir l’oublier, pour la relation qu’elle entretenait entre conservation d’espaces verts, la villégiature qui s’y dégage(ait) et la proximité des services.

    Je terminerai pas une phrase que les services d’urbanisme m’ont souvent dite : «vous êtes nos yeux» Et je la complèterai comme suit : « Mais j’ai une voix et vous ne semblez pas vouloir l’écouter».

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  2. Carol

    Eh ! la ville ne semble pas respecter son propre règlement de protection du patrimoine naturel, et ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de situation…

    Tant qu’a parler de densification, pourquoi pas le faire dans des endroits plus propice, je pense entre-autre dans le secteur de l’hôtel Sheraton Four-point, entre-autre !

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  3. Jean-Marc

    Projet de densification, vous dites! Projet anarchique plutôt qui ne considère pas la réalité. La problématique des ponts est loin d’être réglée, d’autant plus que la viabilité du pont de Québec est préoccupante. Le transport en commun, y’en a rien à cirer. Je n’ai plus envie d’endurer les intempéries à tous les matins. J’ai utilisé l’autobus toute ma jeunesse et au début de ma carrière. Maintenant, je considère qu’il est de mon privilège d’utiliser mon auto pour aller travailler, faire mes courses à l’heure du dîner, aller chez mon dentiste à 17H00, etc. etc. PERSONNE ne me dictera la façon dont je dois organiser mon temps, surtout pas les fonfons municipaux. Alors, lâchez-moi les baskets avec votre maudit transport en commun. Trouvez de vrais solutions.

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