À qui s’adresse le transport en commun?

Par | 27 mars 2013 |

Source : Journal de Lévis

Le transport en commun n’a pas la cote chez les élus municipaux alors que les 13 conseillers interrogés par le Journal ont avoué n’être pas des usagers assidus de ce mode de transport. Si la plupart ont des raisons valables de bouder ce service de par la nature de leur travail, il n’en demeure pas moins que leurs arguments valent pour une majorité de citoyens. Entre l’offre et la demande, le dilemme est complet.

Peu surpris par les résultats de l’enquête, le directeur général de l’organisme Accès Transport Viables, Étienne Grandmont, croit que «si on avait des élus qui prenaient davantage les transports collectifs et actifs, ils seraient de meilleurs promoteurs».

Pas nécessairement répond la mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli.

«Je pense que ce n’est pas parce qu’on est gestionnaire d’une société de transport qu’on se doit obligatoirement de l’utiliser. […] Par contre, moi dans ma vie d’ancienne présidente de la société de transport, il m’arrivait de l’utiliser pour vérifier des choses. Et je pense que le personnel fait ça aussi», nuance-t-elle en se disant persuadée que les conseillers font malgré tout d’excellents défenseurs du transport collectif.

La fréquence
Il reste que les raisons invoquées par les élus pour expliquer leur choix pointent toutes en direction d’un point commun, soit la fréquence.

En effet, ces derniers doivent se déplacer plusieurs fois dans la même journée. Ainsi, le service actuel, moins efficace en dehors des heures de pointe, ne permet pas de répondre à leurs besoins, se défendent-ils.

«C’est ce sur quoi on travaille à essayer d’améliorer l’offre, les fréquences, donc, de rendre ça plus accessible. Mais est-ce qu’on va réussir à combler toutes les attentes et tous les besoins? C’est une autre paire de manches, c’est bien clair», avoue le directeur général de la Société de Transport de Lévis (STLévis), Jean-François Carrier lorsque questionné sur le sujet.

Pour le conseiller de Lauzon, Jean-Claude Bouchard, il n’y a pas de recette miracle.

«C’est un peu comme la saucisse dans un hot dog. Plus qu’on va en avoir, plus que le monde vont en manger. Plus qu’on va en donner, plus que les gens vont avoir un intérêt à l’utiliser», image-t-il.

L’assurance d’arriver à l’heure
Il reste qu’entrent le travail, la garderie et les activités parascolaires, les couples avec enfants ont également leurs lots d’excuses pour rester dans leur voiture.

Peut-on espérer logiquement les voir rejoindre les 5% de la population qui utilise en ce moment les autobus de la STLévis?

Sans nier l’importance de la fréquence, le directeur général de la STLévis estime que l’amélioration de la fiabilité du réseau pourra certainement contribuer à convaincre une partie de ces citoyens à embarquer dans ses véhicules. «L’expérience démontre qu’à partir du moment où tu sais que tu peux compter sur le service, et bien il est plus facile à utiliser. Lorsque tu sais à quelle heure il [l’autobus] va passer, tu t’organises en conséquence», indique-t-il.

C’est pourquoi la société lévisienne travaille actuellement à implanter dans ses stations les plus achalandées les heures du passage des autobus.

Aussi, dans un horizon à moyen terme, les propriétaires de téléphone intelligent auront accès à un système d’alerte qui va leur indiquer l’heure du passage. Plus précisément, un usager pourra recevoir l’information chez lui si son bus est en retard de deux minutes par exemple. «Ce sont vraiment des efforts qui sont faits pour tenter de toujours désamorcer l’inquiétude quant à savoir si le bus sera là ou non. Parce que c’est ça qui est vraiment un frein à la consommation du produit», fait remarquer M. Carrier.

Réaliste, il n’espère pas nécessairement le jour où la majorité des citoyens profitera du transport collectif. À long terme, «si on est capable de passer de 5% à 10%, on va être super content», vise-t-il comme objectif tout en précisant qu’«un point de pourcentage, c’est énorme pour nous».

Ce qu’ils ont dit
«Probablement, lorsque je prendrai véritablement ma retraite, j’utiliserai davantage l’autobus. Parce que j’aime ça moi le transport en commun. […] Mais je prends au moins deux fois par mois le traversier pour me rendre dans le Vieux-Québec» – Simon Théberge, conseiller municipal pour le secteur Notre-Dame/Saint-Laurent.

«Je n’utilise pas le transport en commun de la STLévis, mais aux fins de mon travail, parce que je suis avocat, j’utilise le traversier à pied et je me rends au palais de justice à pied. […] Vous comprendrez que si un juge m’appelle ou si je dois aller faire bref de saisie ou des affaires semblables, je ne peux pas me permettre de prendre le bus. Mais si je pouvais le prendre, je peux vous assurer que je le prendrais» – Michel Patry, conseiller municipal pour le secteur de Charny et président de la STLévis.

« Bien que j’aime prendre le bus et que je suis un ardent défenseur du transport en commun, je suis un utilisateur plutôt occasionnel (3-4 fois par an). J’ai été un grand utilisateur du transport en commun lors de mon passage au cégep et à l’université et mes deux fils l’utilisent de façon soutenue pour se déplacer sur le territoire» – Mario Fortier, conseiller municipal dans le secteur de Saint-Étienne.

«Je ne peux pas à cause de l’horaire qu’on a à la Ville malheureusement. Mais je l’ai pris pendant 15 ans avant. […] Je le prends lorsqu’il y a des activités ponctuelles comme le Festivent par exemple» – Janet Jones, conseillère municipale dans le secteur Christ-Roi.

Article de Francis Martel. Reproduit avec autorisation.

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