Nouveau délai pour Rabaska

Par | 20 décembre 2008 |

Source : Le Soleil

La crise mondiale du crédit pèse lourd sur les épaules du géant russe Gazprom. Le plus important producteur de gaz de la planète peine à trouver du financement pour ses projets de développement en Russie. Ce qui pourrait repousser la construction du terminal méthanier Rabaska.

Ainsi, le projet mené par le consortium formé de Gaz Métro, d’Enbridge et de Gaz de France pourrait d’ailleurs ne voir le jour que beaucoup plus tard que prévu (2014). Certains analystes parlent maintenant d’une entrée en service possible en 2017, et même en 2020.

Chez Rabaska, on est toutefois loin de parler de report de la construction du terminal. «Nous discutons toujours avec Gazprom pour signer une entente d’approvisionnement», signale le porte-parole Simon Poitras.

En mai, le consortium Rabaska avait pourtant signé une lettre d’intention avec Gazprom. Les partenaires prévoyaient signer d’ici la fin de 2008 une entente d’approvisionnement gazier (gaz naturel liquéfié) pour le terminal de Lévis. Depuis, aucune entente n’a été conclue.

Il faut dire qu’en mai, le prix du gaz naturel était à son apogée en Amérique du Nord. Le prix de 1000 pieds cubes de gaz valait alors 12 $US. Hier, cette même quantité ne se vendait plus que 5,32 $US.

N’empêche. La construction de Rabaska au coût de 1 milliard $ est directement liée au développement du champ gazier Shtokman, situé dans la mer de Barents (nord de la Russie). La première phase de ce projet, mené par Gazprom (51 %) et ses partenaires Total et StatOilHydro, nécessite des investissements de 15 milliards $US.

Gazprom et ses partenaires comptent lever 70 % du financement sur les marchés financiers. On prévoit notamment la construction d’une usine de liquéfaction et d’un terminal maritime de chargement de GNL.

La semaine dernière, le président de Shtokman Development, Yuri Komarov, a avoué que le projet dépendait plus que jamais de la disponibilité des liquidités sur les marchés financiers. «C’est l’un des principaux facteurs dont dépend la mise en oeuvre du projet», a-t-il indiqué à l’agence Dow Jones News.

Si tout se déroule comme prévu, Gazprom s’attend à mettre en service le projet Shtokman en 2013 avec une production de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2014.

M. Komarov reconnaît toutefois que, sans une remontée du prix du baril de pétrole, le projet ne sera pas rentable. Gazprom estime que le projet fera ses frais si les prix du brut oscillent dans une fourchette de 50 à 60 $US. Hier, le prix du baril de pétrole à la Bourse de New York a terminé la journée près des 33 $US.

Cette année, la baisse des prix du baril de pétrole et du gaz naturel a occasionné un manque à gagner de plus de 20 milliards $US dans les coffres de Gazprom.

Doutes
Selon le directeur de l’Institut Oxford de recherche sur les énergies de Londres, division gaz, Jonathan Stern, les échéanciers de développement du projet Shtokman sont irréalistes. «Le projet actuel demeure trop ambitieux et coûteux pour aller de l’avant en 2014. Il serait plus réaliste de parler d’un horizon 2017-2020», a-t-il indiqué au Soleil.

Certains analystes financiers soutiennent d’ailleurs que Gazprom devra d’ailleurs faire des choix. Car avant de développer Shtokman, le producteur russe met ces temps-ci toutes son énergie et son argent dans le développement du projet Bovanenkovo situé dans la péninsule de Yamal, un champ gazier traditionnel situé en pleines terres russes, et non en mer.

Pour l’analyste norvégien en énergie Johan Petter Barlindhaug, les partenaires dans Shtokman pourraient devoir se rasseoir très bientôt à la table afin de renégocier les termes de leurs ententes. En clair, les pétrolières Total et StatOilHydro pourraient être invitées à injecter de nouveaux capitaux dans le projet pour respecter les échéanciers prévus initialement.

L’analyste Barlindhaug émet également de gros doutes quant à l’emplacement prin­cipal du lieu de production du projet Shtokman à Teriberka. Il croit que le lieu actuel visé est inadapté pour la production de gaz naturel liquéfié.


Article de Pierre Couture. Reproduit avec autorisation.

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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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