Un contrat pour deux traversiers pourrait échapper au Québec

Par | 8 mars 2008 |

Source : Le Soleil

La Société des traversiers lancera cette année le processus d’acquisition de deux traversiers. Le contrat estimé entre 125 millions $ et 175 millions $ risque d’échapper au Québec pour la première fois — tous les navires actifs ont été construits à Lévis, à Sorel-Tracy et à Sainte-Catherine.

Il ne reste qu’un chantier naval majeur dans la Belle Province, sur la Rive-Sud de la capitale, souligne le directeur des services maritimes de la STQ, Pierre-Paul Desgagnés, rencontré par Le Soleil dans ses bureaux de la rue Saint-Paul à Québec. La Davie Yards a toutefois plusieurs contrats européens à honorer. Faute de chantier, «on va les donner ailleurs».

Le Radisson, 54 ans, est le premier en lice pour le remisage. «Il est à la préretraite!» Utilisé comme navire de relève en cas de bris, il ne peut plus accueillir de fardiers. «Il devient de plus en plus limité.»

Chaque navire doit subir une cure de jouvence entre ses 20e et 25e anniversaires. Le Radisson a été remodelé en 1985, à 32 ans. Et les travaux étaient jugés bons pour une dizaine d’années… «On a fait 23 ans!»

«Il reste à peu près trois ans d’usage. On va commencer cette année les travaux de conception.» Il faut 18 mois pour dessiner le bâtiment, un autre 18 mois pour le construire.

Le Camille-Marcoux est le suivant. «Il est sur le respirateur.» Acquis en 1974, le lien maritime entre Matane, Baie-Comeau et Godbout ne répond plus à la demande. «C’est problématique. (…) On est rendu au stade où il faudrait faire un gros bloc (de travaux) d’au moins 15 millions $.» En plus, en 2012, les normes fédérales seront resserrées, si bien que le Camille-Marcoux ne pourra accepter que la moitié des passagers actuels. La Société préférerait mettre les fonds dans l’achat d’un bateau neuf.

Au cours des prochaines années, la STQ prévoit donc investir entre 125 et 175 millions $ pour les remplacer. Ensuite, elle tentera de dénicher des fonds supplémentaires pour l’extinction du Lucien-L., unissant Sorel et Saint-Ignace-de-Loyola. Il faudra cependant patienter encore cinq ans : «Il sera rendu au stade de remplacement à partir de 2013.»

Un autre traversier devrait naître au cours des prochaines années au Québec, mais il n’est pas considéré comme faisant partie de la flotte officielle de la STQ : le lien avec l’île-d’Entrée, aux îles-de-la-Madeleine. Plus petit, le bâtiment d’une valeur approximative de 6 millions $ sera construit au Québec, évalue Pierre-Paul Desgagnés.

étirer le temps
Chaque année, la Société des traversiers du Québec investit quelque 5 millions $ pour la réfection de sa flotte. Outre l’entretien «normal», la STQ les retape après une vingtaine d’années, à la «mi-vie». Les navires reliant Québec et Lévis ont ainsi été embellis en 2001-2002. Ce déridage donne un sursis de 15 ans aux vaisseaux.

Au Québec, «un traversier a une vie utile de 40-45 ans. (…) La moyenne d’âge, c’est 30 ans», détaille M. Desgagnés. En Europe, la vingtaine signe l’arrêt de mort du bâtiment : «Il est rendu en Inde et il est en train d’être découpé!»

Les coûts de construction étant exorbitants, la STQ étire leur vie le plus possible. Maintenir un navire à flot au-delà de la quarantaine est cependant «très cher. Vers 40-45 ans, ça commence à être difficile. Là, ce n’est plus rentable».

Nous avons tenté d’obtenir les commentaires de Davie Yards. Malheureusement, personne n’a été en mesure de nous rappeler.


Article de Baptiste Ricard-Châtelain. Reproduit avec autorisation.

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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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