Le pont de Québec : Témoin de l’Histoire et chef-d’œuvre d’ingénierie (IV) – Les années qui précèdent la construction

Par | 27 juin 2023 |

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Partie 4 : L’arrivée de Théodore Cooper

Nous l’avons vu dans notre dernière publication, à l’été 1897, se tient à Québec, le congrès de l’Américaine Society of Civil Engineers. Parmi les personnes présentes à ce congrès, on remarque M. John Stirling Deans, ingénieur en chef de la Phoenix Bridge Co, de Phoenixville, en Pennsylvanie. C’est M. Hoare, l’ingénieur en chef de la Compagnie du pont de Québec, qui l’a invité personnellement à Québec pour assister à ce congrès qu’il connaît bien.

On retrouve également à ce congrès Monsieur Théodore Cooper, ingénieur américain de grande réputation, qui est l’un des plus respectés en ce qui concerne la construction des ponts ferroviaires. Monsieur Cooper profite de son séjour à Québec pour s’intéresser au projet de construction du futur pont de Québec. Il visite le site proposé et fait bénéficier les membres de la Compagnie du pont de Québec de son expertise. Son intérêt pour le projet est d’autant plus bien accueilli que l’ingénieur en chef de la compagnie, M. Hoare, possède une expérience limitée puisqu’il n’a jamais travaillé sur des ponts ayant une travée supérieure à 91 mètres.

M. Cooper, avec toute l’expérience et la réputation qu’il possède dans le domaine de la construction des ponts ferroviaires, parait être l’homme de la situation pour collaborer à la construction d’un pont de cette envergure.

Theodore Cooper, né en 1852, a commencé sa carrière en travaillant pour plusieurs entreprises de chemin de fer aux États-Unis. Il a ensuite rejoint la société de génie civil Cooper, Hewitt & Company, qu’il a cofondée avec son frère.

Au moment de sa visite à Québec, il a déjà d’ailleurs à son actif plusieurs réalisations importantes comme le St-Louis Bridge, Le Seekonk Bridge à Providence, le Sixth Street Bridge à Pittsburgh et le Second Avenue Bridge à New York.

Comme le mentionne Michel L’Hébreux, aucune des réalisations de Cooper ne constitue cependant un chef d’oeuvre qui soit à la hauteur de la réputation qu’il véhicule. Cooper, dès ce moment, entrevoit le pont de Québec comme un défi intéressant à réaliser; un défi qui deviendrait en même temps l’oeuvre maîtresse de sa vie puisqu’il voit cet ouvrage comme le couronnement de sa carrière, avant de prendre sa retraite, étant donné qu’il a déjà 58 ans à en 18971.

Depuis son incorporation en 1887, la Compagnie du pont de Québec a toujours dû faire face à des problèmes financiers importants. Elle a toujours, 10 ans plus tard, de grandes difficultés à réunir les capitaux nécessaires pour voir réaliser son projet. Ces difficultés financières vont même obliger la compagnie à remettre plus tard la signature d’un contrat avec M. Cooper dans le but de l’engager officiellement dans le projet. Le devis et les spécifications pour la construction du pont sont donc élaborées par M. Hoare.

En 1897, l’année du Congrès, la Phoenix Bridge Co. est déjà en mesure de présenter ses plans préliminaires à la Compagnie du pont de Québec. Elle s’intéresse d’ailleurs depuis un certain temps au contrat de construction de la superstructure du pont de Québec. Elle a fait de multiples démarches en ce sens et a même pris l’initiative d’établir des ébauches préliminaires qu’elle vient proposer.

Au fils du temps, diverses soumissions sont présentées par un certain nombre de compagnies canadiennes et américaines. Certaines proposent la construction d’un pont suspendu alors que d’autres s’en tiennent aux spécifications de M. Hoare, Deans et Cooper en présentant le plan d’un pont cantilever.

Au mois de mars 1899, les officiers de la Compagnie du pont de Québec se rendent à New York pour rencontrer M. Théodore Cooper pour lui demander d’analyser les soumissions reçues et de produire un rapport à la fin de son travail.

Le 23 juin, 1899, Théodore Cooper fait parvenir son rapport à la Compagnie du pont de Québec qu’il est termine ainsi : « Parmi les plans proposés, ceux de Phoenix Bridge Co. sont les meilleurs aux meilleurs prix ». Comme le mentionne L’Hébreux, la Compagnie du pont de Québec donnera suite aux recommandations de Cooper en qui elle a une grande confiance, a à ce moment toutes les raisons du monde de penser que ce dernier peut réaliser adéquatement un pont qui soit à la fois économique et sécuritaire2.

Ainsi, le 6 mai 1900, Théodore Cooper est embauché officiellement comme ingénieur consultant pour la Compagnie du pont de Québec, et ce, pour la durée des travaux. Il devient ainsi le maître d’oeuvre de ce projet grandiose.

À suivre…


1 : L’Hébreux, Michel (2001) Le Pont de Québec. Québec, Septentrion, page 23.
3 : L’Hébreux, Michel (2001) Le Pont de Québec. Québec, Septentrion, page 24.

Catégorie(s) : Histoire Urbaine,  Patrimoine,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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