Tunnel Lévis-Québec : histoire d’un vieux rêve tenace

Par | 7 octobre 2016 |

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[one_half]Le dossier d’un troisième lien entre Lévis et Québec enflamme la région de Québec depuis le début du mois de septembre. C’est le député de la circonscription de Lotbinière-Frontenac, M. Laurent Lessard, qui a relancé le débat lors de sa nomination comme ministre des transports du Québec il y a quelques semaines.[/one_half]

[one_half_last]Le sujet d’un tunnel sous-fluvial comme 3e lien entre Lévis et Québec a été remis à l’avant scène en mars 2014 par la Chambre de commerce de Lévis (CCL) suite au dévoilement de sa campagne d’appui pour la réalisation d’un troisième lien routier Lévis-Québec. La CCL demandait au gouvernement de mettre à jour les études publiées au tournant des années 2000 par le comité du lien sous-fluvial à l’est de Lévis-Québec pour évaluer l’opportunité de construire un tunnel reliant les deux rives. La CCL avait profité de ce dévoilement pour présenter son site web et une vidéo présentant un potentiel tunnel.[/one_half_last]

La campagne médiatique fut un succès et le sujet s’est imposé de lui même lors de l’élection provincial de 2014. La Coalition Avenir Québec a appuyé la demande de produire une étude et finalement ce fut la même chose pour l’équipe Libéral. Certains ont qualifié le dossier de « dîner de cons », d’autres on affirmé que l’étude a été truquée pour que ça ne se fasse pas !

Forcé de tenir leur promesse les Libéraux on finalement commandé au professeur Bruno Massicotte de l’École Polytechnique de Montréal l’étude présenté le 13 septembre 2016.

Le rêve d’un tunnel entre Lévis et Québec remonte bien avant la formation du comité du lien sous-fluvial à l’est de Lévis-Québec. Voici une petite chronologie de ce vieux rêve.

1947 > Grâce à la Seconde Guerre mondiale qui fait tourner les chantiers maritimes, la ville de Lévis vit une période de prospérité. Le maire de Lévis, Adélard Bégin, propose la construction d’un second pont entre Lévis et Québec. Le journal Le Peuple rapporte que le pont aurait fait 1 kilomètre de long et aurait débouché à l’ouest de la Citadelle, près de la croix du sacrifice. Le projet était évalué à 18 M$. Une seconde étude convainc le maire Bégin qu’un tunnel serait moins chers puisque celui-ci est évalué à 7 M$.

1955 > Le tunnel Champlain.

En avril 1955, J.B. Walling, secrétaire de la Compagnie du Tunnel Champlain Inc., donnait une conférence de presse au Château Frontenac. Il annonçait que dès le mois de mai 1955, des sondages géologiques seraient entrepris du côté à Québec, puis des travaux de creusage seraient amorcés. Cette compagnie avait même déjà investi 300 000 $ dans l’aventure. La compagnie avait dessiné des plans et elle évaluait le projet à 35 M$. L’entrée nord devait être située à la place Parent, dans le quartier du Palais, et la sortie était prévue à Saint-David de Lévis. Ce trajet, disait-on, évitait une faille géologique. Le tunnel Champlain aurait une longueur de 3,4 km et passerait 15 mètres sous le lit du fleuve. Les automobiles l’empruntant devraient débourser 50¢, plus 5¢ par passager. Walling annonçait que le tunnel Champlain serait inauguré en janvier 1958. Quelques mois plus tard, une autre compagnie américaine tentera sa chance, sans plus de succès.

Source : Le journal L’Action catholique du 9 avril 1955 tel que rapporté par la Société historique de Québec. Plus de détails ICI.

1964 > Le gouvernement du Québec annonce la construction d’un deuxième pont à côté du pont de Québec mais le débat se poursuit. Le journal La Tribune rapporte que le député de Bellechasse, Gabriel Loubier, remet en question le projet de pont et plaide plutôt pour un tunnel. Pour sa part, le premier ministre de l’époque, Jean Lesage, doute de la faisabilité d’un tunnel et renvoie à une étude qui signale la présence de failles dans le fleuve.

Le premier ministre finit par abandonner le projet d’un tunnel entre Lévis et Québec en admettant néanmoins qu’il serait plus logique de construire un pont entre l’Île d’Orléans et Beaumont.

La CCL s’indigne de cette décision. Le Journal La Tribune de Lévis a rapporté la réaction de l’organisme. « La Chambre de commerce de Lévis et tous les organismes et municipalités de la rive sud qui ont appuyé ce projet, y lisait-on, ont été extrêmement déçus d’entendre le premier ministre écarter d’une façon aussi catégorique et avec des arguments presque fantaisistes, un projet qui a nécessité des années d’études et de recherches ».

Le pont Frontenac (rebaptisé Pierre-Laporte en 1970) sera finalement construit comme prévu.

1967 > En 1967, le Plan de circulation et de transport de la Région métropolitaine de Québec, de la firme d’ingénieurs Vandry & Jobin, est déposé au MTQ pour contrer la congestion grandissante dans la région.

Ce plan propose de transformer en autoroutes les grands axes de circulation dessinés dans le plan d’aménagement de 1956, le rapport Gréber. Il propose d’étendre le réseau d’autoroutes incluant un troisième pont vers Lévis depuis les battures de Beauport.

 

Tiré du Rapport Vandry & Jobin de 1968.

 

La Jeune Chambre de commerce de Lévis-Lauzon lance l’année suivante une campagne pour obtenir un tunnel, pont-tunnel ou un pont. Son slogan : « Québec et Lévis… communications d’abord ». Ses efforts seront vains, mais le rapport Vandry-Jobin servira de point de départ à de nouvelles études dans les années 70 visant un tunnel dans l’axe Beauport-île d’Orléans-Lauzon.

Signe que l’idée du tunnel fait son bonhomme de chemin dans l’imaginaire. L’idée est même reprise dans la publicité ! Au cours des années 1960, les brasseurs de la bière Laurentide offrent à leurs clients une pochette d’illustrations sur la ville de Québec. L’une de ces publicités porte sur un éventuel tunnel. Le texte d’accompagnement se détail comme suit : « Québec 1972 ? – Un tunnel sous le Saint-Laurent ! Pour relier Québec et Lévis ! Non ? Et pourquoi pas ! Fini les embouteillages ! À Québec on veut aller de l’avant ! Et vite ! Un projet ? Bien sûr ! Car c’est à partir du projet qu’on obtient la réalisation. À Québec, tout bouge ! tout change ! Y a du nouveau dans l’air ! ».

Vous pouvez voir la publicité dans cet article du magazine Cap-aux-Diamants.

1999 > Le Comité du lien sous-fluvial est constitué en 1996 pour promouvoir un troisième lien Québec-Lévis. Celui-ci reçoit un premier rapport technique commandé à la firme d’ingénieurs Tecsult. Ce rapport reprend et précise le scénario de l’axe Beauport-île d’Orléans-Lauzon. Ce tunnel de 7 kilomètres coûterait 750 millions $, a-ton estimé alors. Le projet ne prévoit pas de sortie à l’île d’Orléans, mais seulement une cheminée d’aération et une issue de secours.

2010 > En 2010, le quotidien Le Soleil révèle que le projet d’un tunnel sous le fleuve pour relier l’est de Lévis et le secteur de Beauport est de nouveau à l’étude au MTQ.

Le sous-ministre adjoint au MTQ confirme alors qu’il s’agit d’une possibilité qu’on envisage pour remplacer le pont de l’Île d’Orléans si les analyses permettent de conclure qu’il en coûterait trop cher pour renforcer la structure du vieux pont.

Tecsult avait aussi reçu le mandat de tenir compte de l’hypothèse de l’ajout d’une voie supplémentaire en direction sud sur le pont Pierre-Laporte. Il en résulterait un tablier comportant quatre voies en direction sud et trois en direction nord.

Catégorie(s) : Gouvernement,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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