L’histoire sans fin d’un autre lien entre Lévis et Québec

Par | 27 novembre 2013 |

Source : Le Peuple Lévis

Le projet de construire un nouveau lien entre Lévis et Québec ne date pas d’hier. Cette idée chemine depuis les années 1940. Il s’en est fallu de peu pour qu’un pont ou un tunnel soit alors construit. Le Peuple relate l’histoire de ce projet désiré qui n’arrive pas à se concrétiser.

En avril 1890, un journal présentait le projet de pont « Cantilever » projeté entre Lévis et Québec. Comme on le sait, ce projet-là, lui, a été réalisé au début du 20e siècle. Quelques décennies plus tard, le maire de Lévis, J.— Adélard Bégin, lançait son projet d’un second pont. Puis, à la suite d’une nouvelle étude, il se rangea à l’idée de construire un tunnel.

Le projet de pont du maire Bégin a été illustré dans la presse par un brillant montage photographique, le 23 mai 1947. Un pont comparable en tout point à celui de l’Île d’Orléans s’étendait de l’extrémité ouest de ce qu’on appelait alors la terrasse Déziel et débouchait à Québec à l’ouest de la citadelle, vis-à-vis de la Croix du Sacrifice.

Le pont suspendu projeté aurait eu 3200 pieds de long et selon les estimations de l’époque, il en aurait coûté 18 M$ pour le construire sur une période de quatre ans.

Un tunnel à 7 M$
Étonnamment, l’étude présentée la même année et dont notre ancêtre La Tribune de Lévis faisait état concluait qu’il en coûterait approximativement 7 M$ pour construire un tunnel de 200 pieds de profondeur, soit un tiers du coût de construction d’un pont.

Le Comité d’urbanisme de Lévis a été le premier donner son approbation à ce nouveau projet, selon un plan soumis par le maire Bégin au cours d’une assemblée tenue le 21 mai 1947.

La Tribune rapportait que le tunnel aurait eu deux voies de 24 pieds de large par 20 pieds de haut. Deux entrées étaient prévues du côté de Lévis, l’une au pied de la côte Bégin et l’autre au pied de la côte Fréchette.


« L’affaire du tunnel » se poursuit en 1964
En 1964, le projet refait surface à l’Assemblée législative de Québec sous le gouvernement libéral de Jean Lesage alors qu’on projetait d’entreprendre la construction du pont Frontenac rebaptisé par la suite du nom de Pierre-Laporte, en mémoire du ministre assassiné lors de la Crise d’octobre, en 1970.

En mars 1964, lors d’un échange soutenu entre le député de Bellechasse de l’époque, Gabriel Loubier, et le premier ministre Jean Lesage, le projet de construction d’un second pont en parallèle au pont de Québec est remis en question au profit d’un tunnel rapportait La Tribune de Lévis sous le titre « L’affaire du tunnel ».

Le député Loublier menait une croisade farouche pour la construction d’un tunnel selon les transcriptions du Journal des débats de l’époque.

« La construction d’un tunnel entre Lévis et Québec est d’une urgence extrême tant au point de vue social qu’au point de vue économique pour tous les comtés de la Rive-Sud de Lévis jusqu’en Gaspésie », martelait M. Loubier.

M. Lesage a émis une réserve sérieuse à ce projet de tunnel en citant les conclusions d’une étude indiquant l’existence de failles dans le Saint-Laurent « qui peuvent constituer un danger sérieux pour les gens ».

Pont suspendu sur le Cap Diamant

Le premier ministre devait dire par la suite qu’une des alternatives « c’est de construire un pont suspendu sur le Cap Diamant. Ça, c’est normal ». Il devait ajouter que « si j’étais convaincu qu’il y a à l’heure actuelle un moyen au point de vue du génie de construire ce tunnel, je serais le premier à dire oui, nous commencerions le plus tôt possible ».

M. Lesage estimait qu’il n’y avait aucun avantage à dépenser plus de cent millions de dollars pour avoir un lien direct pour les piétons ou pour un service de transport en commun entre Lévis et Québec.

« L’existence d’un tunnel entre Québec et Lévis est justifiable à son coût, à condition que cela serve de grande voie de circulation entre les deux rives du Saint-Laurent, non seulement pour les citoyens de Lévis et de Québec, mais pour tous les voyageurs de toute la province. Il faut être raisonnable après tout. »

Le pont Pierre-Laporte devait finalement être construit et inauguré le 6 novembre 1970.


Article de Pierre Duquet. Reproduit avec autorisation.

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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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