Rabaska : des propos contestés

Par | 4 septembre 2006 |

Encore une grosse semaine dans l’actualité pour Rabaska, le projet de terminal méthanier. Le tout à commencé par la publication mercredi d’une lettre d’opinion peu tendre envers le GIRAM. La lettre était signée de la main de Régis Cauchon vice-président du Groupe Océan. La réaction du GIRAM a suivie et samedi une multitude de lettres du lecteur illustrait bien le degré d’importance qu’a le sujet a auprès des lévisiens. Voici reproduites les deux lettres à l’origine de toutes ces réactions ainsi qu’une sélection des « meilleures » réactions du lecteur.

Source: Le Soleil

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S’enfarger dans ses contradictions

Auréolé de son titre de vice-président du Groupe Océan Inc., M. Régis Cauchon s’est payé toute une diatribe contre le GIRAM, son président et tous «ses sympathisants en transe» qui osent questionner la pertinence du projet Rabaska.

La première lecture de son texte m’a rappelé la phrase de Marc Blondin, animateur de lutte, qui disait à son confrère de travail : «Vous lisez le dictionnaire tous les soirs, mais vous ne comprenez pas l’histoire». Un prétentieux déluge de mots «savants» à travers lequel la mathématique devient «quantique» à la place de la physique, un sans-gêne illimité face à ces pauvres bougres incapables de comprendre et d’assimiler les enseignements venus d’en haut et, bien sûr, un total manque de scrupules dans les procès d’intentions.

Si l’auteur a hésité à livrer ses commentaires sur le GIRAM, moi, au contraire, je ne perdrai pas une seule minute à tenter une discussion avec lui. Je pense qu’il sera plus utile d’attirer l’attention des lecteurs sur deux points précis, à partir de son texte.

Au quatrième paragraphe, il reproche au GIRAM de traiter, entre autres choses, des conditions de navigation et d’accostage des méthaniers, comme si la chose n’était pas à la fois pertinente et inquiétante. Il devrait pourtant se rappeler que ce sont ces mêmes «préoccupations» que les promoteurs ont évoquées pour rejeter le site de Cacouna. Au troisième paragraphe, il évoque ces «experts qui attestent à l’unisson de la faisabilité, de la rentabilité et de la sécurité» du projet Rabaska.

Le même jour et dans la même édition, le journaliste Pierre Couture rapporte que «des documents obtenus par la Loi de l’accès à l’information, dont Le Soleil a obtenu copie, démontrent que les autorités de la santé publique ne semblent pas, pour l’instant, satisfaites des réponses souvent «évasives» du promoteur quant à la sécurité de ses installations». À vous de juger! Quant à l’auteur, il finira bien par s’enfarger dans ses contradictions.

Mario Fortier, Beaumont.

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Insulter au lieu d’argumenter

Décidément, les promoteurs et les «supporteurs» du projet Rabaska sentent la soupe chaude et ils doivent sérieusement s’inquiéter (à raison!) de la réalisation du port méthanier de Lévis pour ainsi asperger les opposants au projet de cette pluie d’épithètes peu flatteuses et franchement diffamatoires, notamment à l’endroit de M. Gaston Cadrin du GIRAM.

Comment se fait-il en effet que le GIRAM, jusqu’ici considéré sérieux et crédible dans le milieu, devienne tout-à-coup, selon M. Cauchon, alarmiste, émeutier et imposteur? Et qu’on veuille de plus l’écarter des tribunes et des débats? Comment comprendre que les sympatisants du groupe soient, toujours selon M. Cauchon, dénués de cette intelligence nécessaire à la juste appréciation du projet ?

Comme si d’un côté il y avaient les experts éclairés (du promoteur bien sûr) et de l’autre les pauvres ignares «en transe léthargique». Pourtant, la liste des opposants est longue d’experts de toute sorte qui se sont penchés sur l’étude d’impact et ont conclu à l’irrecevabilité du projet, l’exemple le plus récent étant celui de la Direction de la protection de la santé publique.

Si, comme il le dit lui-même, M. Cauchon ne comprend pas encore les arguments du GIRAM, de l’INART (Institut nord-américain de recherche en tourisme), des ex-présidents de la Commission des biens culturels, des experts internationaux en analyse de risques, etc., c’est peut-être qu’il souffre lui de ce mal qu’il accole sans raison aux opposants : l’aveuglement. Aveuglement qu’on peut comprendre dans son cas par l’inquiétude sur la survie du chantier maritime Océan.

Normand Gagnon, Saint-Pierre de l’île d’Orléans.


Attaquer les faits et non les réputations

Gaston Cadrin et Pierre-Paul Sénéchal
Les auteurs sont respectivement président et vice-président du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (Giram).

(À Régis Cauchon du Groupe Océan)

Dans une diatribe plutôt confuse et sans retenue, l’auteur se paye une séance de défoulement en tentant de détruire la crédibilité de notre organisme au chapitre de la rigueur et de la capacité d’analyse. À notre humble avis, un tel comportement ne fait que dénoter un certain sentiment de panique davantage que de confiance envers le projet Rabaska.

Le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) regroupe des gens de tous horizons professionnels. Il n’est pas dans sa tradition d’intervenir ou de répliquer sur le ton de l’injure, mais essentiellement à partir de faits. Contrairement à beaucoup d’intervenants dans cet épineux dossier, notre organisme peut prendre des positions de façon indépendante à l’abri d’intérêts économiques ou politiques.

À titre d’exemple, quand nous nous préoccupons de la sauvegarde de l’industrie des croisières maritimes du fait que les opérations du terminal méthanier se dérouleront en plein milieu de l’étroit chenal de Lévis – île d’Orléans, nous nous référons aux pratiques reconnues et au principe de précaution applicable au transport et à la manutention d’un produit (le GNL) à haut niveau de dangerosité.

Que ce soit sur les questions relatives à la navigation ou à la sécurité, nous avons justement « assimilé les enseignements des experts » que nous avons rencontrés (plus de 20 personnes) dans le cadre d’une mission d’étude des terminaux méthaniers français, réalisée en 2005, grâce à l’appui de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE).

Au cours des deux dernières années, le GIRAM estime avoir réuni assez d’information pour pouvoir examiner ce projet de terminal méthanier avec la compétence nécessaire, notamment pour le BAPE. S’il vous faut nous attaquer, faites-le sur le contenu de nos interventions ! Vos récents élans de hargne stérile, propulsés par un vocabulaire méprisant, sont indignes d’un vice-président d’entreprise.

Certes, nos opinions sur Rabaska et ses divers aspects négatifs (choix du site, impacts économiques à long terme, sécurité maritime et risques pour les populations) semblent vous exacerber au plus haut point, mais en quoi la crédibilité du GIRAM, organisme à but non lucratif créé en 1983, vaudrait-elle moins que celle d’une entreprise de sous-traitance spécialisée dans le soutien à la construction d’infrastructures portuaires, dans la location d’équipement de dragage ou dans les contrats de maintenance et de réparations à quai ? À ce titre, dans le contexte de Rabaska, l’appellation coterie, « petit groupe de personnes qui se soutiennent pour faire prévaloir leurs intérêts » (Petit Larousse illustré 2006, p. 299), que vous nous accolez est plus susceptible de vous convenir qu’au GIRAM qui diffuse propositions et analyses sur le territoire de la Zone métropolitaine de Québec tout à fait gracieusement.


Pour éviter la confusion

Régis Cauchon, Vice-président, Le Groupe Océan inc

J’hésite à livrer les commentaires qui suivent, car le simple fait de donner suite aux inepties, calembredaines et divagations stériles du GIRAM confère à cette coterie une importance qu’elle ne devrait pas avoir. Porter, même distraitement, attention aux chroniques et incongruités qui en émanent en série ou « à la file » se révèle un labeur inutile, car sa doctrine repose sur une forme d’entêtement obsessionnel et de déni d’évidences.

Le droit de parole et la liberté d’expression sont des prérogatives dérivées de notre culture qui sont habituellement utiles et servent à bien informer la population. Toutefois, elles permettent aussi à GIRAM d’abuser des tribunes médiatiques et d’usurper des chaires de propagande dont l’accès devrait lui être interdit, ceci afin que les citoyens qui prennent connaissance de ses billevesées toxiques cessent de se faire berner par des propos dont le caractère est, à escient et constamment, alarmiste, émeutier et rabat-joie.

GIRAM est monté aux barricades contre Rabaska et s’y opposait avec véhémence avant même de connaître la vraie nature de ce projet. Toutefois, le radotage qui caractérise GIRAM nous indique que ses sympathisants doivent, depuis lors, être plongés dans une transe léthargique qui les empêche de bien suivre l’évolution de ce dossier novateur et d’assimiler les enseignements des experts qui attestent à l’unisson de sa faisabilité, de sa rentabilité et de sa sécurité.

Adeptes de l’homochromie, de la fumisterie et de l’imposture, les porte-parole du GIRAM traitent avec autant d’assurance contrefaite et de conviction frelatée de physique, de chimie, de probabilités, de fiscalité, de statistiques, de mathématique quantique, d’économie, de bathymétrie, de pilotage et, aussi, de l’effet combiné des glaces, de la réversibilité des marées, des vents et du courant sur les problématiques d’accostage et d’appareillage des méthaniers. Dans l’édition du 24 août d’un quotidien de Québec, on traitait ainsi, on ne sait pourquoi encore, de l’incompatibilité des trafics maritimes (paquebots et méthaniers) sur les mêmes corridors de navigation. L’omniscience et l’érudition étonnantes du président du GIRAM, M. Gaston Cadrin, nous portent toutefois à croire qu’il puisse fréquemment confondre le badin et le grave, l’imaginaire et le concret.

Pour éviter que la confusion ne se propage, nous devrions accorder aux propos de GIRAM une attention équivalente au respect et à la crédibilité que cet organisme porte envers les promoteurs, les consultants, les chercheurs et les spécialistes qui engagent leurs réputations par les avis qu’ils fournissent, assujettis qu’ils sont à des prescriptions éthiques et à la rigueur, règles auxquelles M. Cadrin et ses pairs ne semblent pas être soumis.


Reproduit avec autorisation.

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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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