Ports méthaniers en Amérique du Nord: à oublier

Par | 9 janvier 2009 |

Source : Le Soleil

Les projets de ports méthaniers qui ont pris forme ces années-ci sur les tables à dessin de l’est de l’Amérique du Nord, Rabaska y compris, ne se matérialiseront probablement pas, estime l’économiste Jean-Thomas Bernard.

« Compte tenu de la hausse récente des prix en Europe et de la très forte augmentation des prix en Asie, le gaz ira plutôt vers ces régions plutôt que l’Amérique du Nord, où les prix sont plus bas. L’intérêt qu’il aurait pu y avoir d’y construire des terminaux de GNL (gaz naturel liquéfié) est en voie de s’estomper. Mon opinion, c’est qu’il n’y aura pas de projet de port méthanier », a indiqué le professeur de l’Université Laval, à l’occasion d’un entretien accordé au Soleil.

« Pour le moins, les conditions qui favoriseraient un développement rapide de ces projets nord-américains de terminaux ne sont pas présentes », a ajouté l’économiste spécialisé dans les questions énergétiques.

Vers une hausse des tarifs
La tendance de la grille tarifaire actuelle du gaz naturel en Europe et en Asie n’est pas près de changer, dans l’esprit de M. Bernard, qui interprète la récente initiative des Russes comme une manoeuvre très claire pour maintenir les prix à un haut niveau.

Peu avant les Fêtes, à la suite d’une rencontre du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) convoquée à Moscou, les Russes ont fait savoir que les principaux pays exportateurs de gaz s’étaient dotés d’une organisation que les Européens consommateurs ont vite fait d’assimiler à l’«Opep du gaz». Dans le même temps, le premier ministre Vladimir Poutine a annoncé la couleur, disant que les pays consommateurs devaient s’attendre à des hausses prochaines des prix du gaz.

Gisements ici même
Les Russes ne font pas dans la dentelle quand il s’agit de leurs intérêts, a noté le Pr Bernard, qui observe la partie de bras-de-fer qu’ils ont entrepris avec l’Ukraine ces jours-ci concernant leurs livraisons de gaz.

à son avis, il y a également lieu de prendre en compte, dans l’analyse, ces gisements qui ont été identifiés dans les Appalaches, au Québec et aux états-Unis, dont l’exploitation remettrait en question la pertinence d’importer du GNL, ne serait-ce que parce que les prix pourraient en être maintenus à un niveau inférieur.

Dans le monde, il y a pour l’heure une quinzaine de complexes de liquéfaction de gaz : en Asie, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud, en Alaska aussi. Ils produisent quotidiennement quelque 190 milliards de mètres cubes de GNL, production qui est bien loin de répondre à la demande mondiale.

La Russie et son géant de l’énergie Gazprom comptent sur d’énor­mes réserves, mais ils ne disposent pas d’usine de GNL, bien qu’il soit dans leur intention d’en construire une d’ici cinq ans.

Fin novembre, Gaz métro, qui, avec ses partenaires Enbridge et Gaz de France, a conçu le projet Rabaska, a fait savoir que les pourparlers avec Gazprom progressaient « à un rythme plus lent que prévu », évoquant pour 2009 une entente qui devait initialement être conclue fin 2008.

Comme ceux de Rabaska, à Lévis, et de Gros-Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent, plusieurs projets de ports méthaniers ont été développés sur le papier en Nouvelle-écosse et aux états-Unis. Plusieurs ont obtenu les autorisations gouvernementales requises, mais leur construction tarde parce que les ententes d’approvisionnement en GNL leur font défaut.


Article de Marc St-Pierre. Reproduit avec autorisation.

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