100 ans jour pour jour après la 1ère chute du Pont de Québec : Hommage au génie civil

Par | 23 août 2007 |

Source : Journal de Lévis

Le 29 août prochain, la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) tiendra une journée toute spéciale visant à commémorer le 100e anniversaire de la 1ère chute du pont de Québec, événement tragique survenu le 29 août 1907 à 17h37.

Deux chutes majeure ont marqué la construction de ce pont, le second écroulement ayant eu lieu le 11 septembre 1916. « La construction posait un défi gigantesque pour les ingénieurs civils de l’époque. C’est le plus long pont cantilever au monde! », explique Pierre Rousseau, secrétaire-trésorier à la CMQ. En effet, le pont de Québec mesure 987 mètres de long et pèse 66 000 tonnes.

En 1907, le pont a fait 76 victimes, dont 33 Amérindiens, 25 Québécois et 17 Américains. La majorité étaient des ouvriers et les Américains étaient surtout des ingénieurs et des contremaîtres. La seconde chute du pont a quant à elle causé 13 décès. Un hommage tout particulier sera fait pour ces gens qui ont sacrifié leur vie à l’édition d’un tel chefd’oeuvre du génie civil, lors d’une cérémonie qui se tiendra à 10h à l’église de Saint-omuald. Les portes ouvriront dès 9h. « Ce ne sera pas une messe conventionnelle. Le but sera de rappeler ce qui s’est passé, avec des aspects visuels et du théâtre. Ce sera basé sur l’émotion, rappelant également les impacts que cet événement a eu sur la communauté », précise M. Rousseau. D’ailleurs, les dignitaires présents lors de la cérémonie se rendront ensuite au parc du Carrefour, dans le quartier Saint-Nicolas, en autocar. Par la même ccasion, ils feront une visite commentée du secteur New Liverpool, où une grande partie des ouvriers habitaient.

Fermeture du pont
Exceptionnellement, le pont de Québec sera fermé à la circulation de 11h à 14h le 29 août. Des allocutions seront présentées à 11h30, rappelant la grandeur de ce pont et lui faisant honneur. Des membres des familles reliées aux gens décédés ont même été retracés. Une petite réception est prévue pour les accueillir en fin de journée. D’ailleurs, à 17h37, heure de l’effondrement du pont, les cloches des églises de la région sonneront afin de saluer la mémoire des disparus. « à l’époque, c’est de cette façon que la mauvaise nouvelle s’est communiquée de village en village », rappelle M. Rousseau.

Afin que le pont retrouve ses lettres de noblesse, un mémorial sera placé dans le parc du Carrefour, situé tout juste à côté du pont. « La CMQ est prête à investir un montant d’argent dans ce projet qui rappellera ce qu’est le pont, pourquoi il a été érigé. L’objectif n’est pas de faire un autre monument, mais amener des liens pour mettre en valeur le pont qui est un monument pour lequel des gens ont sacrifié leur vie », conclu M. Rousseau.

Le coup d’envoi de la construction du pont de Québec a été donné le 2 octobre 1900. Les travaux ont été complétés le 20 septembre 1917.


Article et photo de Marilyne Lavoie. Reproduit avec autorisation.

Que s’est-il passé le 29 août 1907? Quelles sont les circonstances qui ont mené 76 personnes à perdre la vie? Michel L’Hébreux, auteur du livre Le Pont de Québec, raconte.

La Compagnie du pont de Québec avait engagé Theodore Cooper, célèbre ingénieur américain en fin de carrière qui comptait déjà plusieurs réalisations importantes à son actif. Celui-ci voyait dans le projet du pont de Québec l’occasion de faire le plus long pont cantilever au monde et en faire le couronnement de sa carrière en battant la marque (1700 pieds) du Firth of Forth bridge en écosse. Lorsque Cooper est engagé, le 6 mai 1900, sa première action est de changer les plans et de porter les piliers à 1800 pieds de portée au lieu de 1600. Il justifie sa décision par la présence des glaces l’hiver, mais son objectif inavoué est de faire plus long que le Firth of Forth. L’ingénieur se fie aux estimations préliminaires fournies par la Phoenix Bridge Co., firme américaine engagée pour construire la superstructure du pont.

Cooper visite le chantier pour la dernière fois en 1903 alors que seulement les piliers sont en construction. Il a alors 64 ans et refuse de revenir à Québec pour des raisons de santé. Il délègue donc un jeune ingénieur peu expérimentée, Norman McLure, afin qu’il soit ses yeux sur le chantier. Le 1e février 1906, Cooper reçoit un rapport de la Phoenix Bridge Co. lui signifiant que le poids du métal de la structure dépasse largement (33%) le poids estimé. « Cooper juge que c’est acceptable et compte tenu de sa réputation, personne n’ose le contredire », explique M. L’Hébreux.

Le 15 juin, McLure signifie à Cooper que des pièces crochissent et rendent l’alignement des pièces du pont difficile à réaliser. Cooper répond que ça ne semble pas important et recommande à McLure de faire du mieux qu’il peut. « Les ouvriers refusent même de travailler lors de grands vents, mais Cooper écarte la possibilité d’écroulement », précise M. L’Hébreux.

Le 28 août 1907 alors que les ouvriers font la grève, McLure prend le train pour New York afin d’aller expliquer à Cooper le rapport expédié précédemment. Lors de son départ, les ouvriers font la grève parce qu’ils considèrent que c’est trop dangereux. à la lumière du rapport de McLure, Cooper réalise la gravité de la situation et envoie un télégramme à Phoenix Bridge Co. les enjoignant de ne pas ajouter de charge additionnelle sur le pont. McLure s’était alors engagé à envoyer un message à Québec, mais dans son empressement à se rendre à Phoenix, il oublie.

McLure arrive chez Phoenix Bridge Co. le 29 août en fin d’après-midi et rencontre les dirigeants de la compagnie. Ils se quittent vers 17h30 en décidant d’attendre au lendemain pour prendre une décision, puisque de toute façon, les ouvriers du pont de Québec sont supposés avoir déserté le chantier. Pendant ce temps, à Québec, les contremaîtres ont réussi à convaincre les ouvriers de retourner au travail. Le 29 août, ils ont donc continué d’ajouter du métal à la structure et c’est ainsi qu’à 17h37, cette même journée, le pont de Québec s’est écroulé, entraînant dans son sillage 76 personnes. Source : Le pont de Québec, Michel L’Hébreux, édition Septentrion.


Article et photo de Nathalie Saint-Pierre. Reproduit avec autorisation.

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