Rabaska : déçus, les opposants ont toujours la flamme

Par | 8 juillet 2007 |

Article de Pierre-André Normandin. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Déçus par le résultat des audiences publiques sur le projet de port méthanier Rabaska à Lévis, les opposants se tournent maintenant vers le gouvernement. Une semaine après le feu vert donné à énergie Cacouna, Québec se donne jusqu’à la fin septembre pour décider si la province a besoin d’un deuxième terminal.

Pris par surprise par le dévoilement en fin d’après-midi jeudi du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), les groupes environnementaux se sont réunis en soirée. Catastrophés par les résultats, leurs porte-parole ont décidé de prendre la fin de semaine pour décortiquer le document et organiser leur réplique.

Il semble d’ores et déjà clair que les opposants concentreront leurs efforts envers le gouvernement provincial. Une coalition de groupes environnementaux a d’ailleurs demandé hier une rencontre d’urgence avec la ministre de l’Environnement, Line Beauchamp.

« Est-ce que c’est moral pour un cabinet ministériel d’entériner ce projet si les directeurs de santé publique ont émis des craintes à l’intégrité de la santé humaine ? » a demandé le porte-parole de l’ Association pour la protection de l’environnement de Lévis (APPEL), Jacques Levasseur.

Le projet d’énergie Cacouna bien enclenché, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) a invité le gouvernement à la prudence. « L’occasion est bonne de demander un avis à la Régie de l’énergie sur le besoin d’avoir ce type de projet. Est-ce qu’un seul port méthanier suffit ? Si oui, lequel ? » s’est interrogé son directeur général, Philippe Bourke.

Après avoir fermé la porte à Rabaska, la Ville de Beaumont a aussi pris connaissance avec déception du résultats des audiences publiques. « Je suis très déçu du rapport du BAPE. Pour l’environnement, pour la région, c’est une journée triste », a déclaré le maire André Goulet.

Ce dernier a convoqué un conseil municipal en début de semaine pour planifier sa réponse au projet qui pourrait voir le jour à quelques mètres à peine des limites de sa municipalité. Chose certaine, il compte bien faire respecter le décret municipal adopté en décembre interdisant tout entreposage de gaz naturel liquéfié à moins d’un kilomètre de Beaumont. « Le règlement 523 existe toujours. C’est sur ça qu’on va travailler et la protection du territoire agricole », a poursuivi le maire.

Tout comme les groupes environnementaux, M. Goulet assure ne pas avoir dit son dernier mot. « La décision appartient au gouvernement », a-t-il précisé, estimant toutefois sentir de Québec un « préjugé favorable au projet ».

BAPE rabroué
Les groupes environnementaux ont affiché clairement leur déception envers le processus d’audiences publiques. « Je pense qu’on avait raison de ne pas vouloir que le projet se rende au BAPE parce qu’une fois entré dans le moulinet, les commissaires ont un préjugé favorable. Historiquement, seulement 1 % des projets ont été refusés », a insisté Gaston Cadrin, du GIRAM.

Même déception du côté de l’APPEL. « On avait l’impression que les commissaires du BAPE avaient entendu les argumentations de tous les experts qui s’étaient présentés devant eux pour appuyer nos craintes », a indiqué Jacques Levasseur.

Or, les commissaires se sont contentés de dressé la liste des craintes citoyennes sans leur répondre, a déploré Gaston Cadrin. « Ils ont fait une bonne synthèse de ce qui s’est dit ou écrit dans les mémoires. Mais dans les thématiques analysées, il y a un manque d’analyse critique du projet. On achète en grande partie ce que le promoteur propose. Ça enlève énormément de crédibilité à l’ensemble du processus d’audiences publiques dont on s’est doté au Québec.

« Dans un projet aussi litigieux, on se serait attendu à une analyse beaucoup plus raffinée et des recommandations beaucoup plus exigeantes. Le promoteur est très heureux parce que c’est de la petite bière, ce qu’on lui demande », a-t-il poursuivi. De son côté, le RNCREQ note un manque de prudence des commissaires du BAPE. « Ils auraient dû mettre en pratique l’un des principes fondamentaux du développement durable, celui de la prévention », s’est indigné Philippe Bourke, du RNCREQ.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Catégorie(s) : Environnement,  Gouvernement,  Industriel,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

6 commentaire sur “Rabaska : déçus, les opposants ont toujours la flamme

  1. Jerome

    Stéphane Dion, le PQ, QS, plus de 60 goupes environnementaux, des anciens du Ministère des Ressources Naturelles….le mouvement d’opposition grandit et prend une ampleur nationale… Le gouvernement Charest n’aura pas la force de faire avaler un autre projet imposé par le haut…

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  2. Jerome

    Voir le sondage de ce matin dans Le Soleil où 40% à la grandeur de la ville croit que les opposants doivent continuer leur lutte. Et bizarrement l’appui au projet ne monte pas du tout même après le rapport « supposément » favorable du BAPE.

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  3. BouBou

    yes, enfin on va voir et entendre parler du parti Libéral et du PQ ensemble…quelle union et quelle cause. Faut ben rire un peu. Donc, le PQ est prêt a ne pas être élu au prochaines élections tout comme le parti libéral du canada???. En tout cas, ca donne du jus à l’ADQ qui s’est prononcé en sa faveur, et watchez bien qui sera au pouvoir aux prochaines élections provinciales si le PQ s’amuse encore à se mêler de ce dossier dans la région.

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  4. Jerome

    Je ne comprends pas votre analyse. Une bonne partie de la population sans être la majorité est opposée à Rabaska. Le PQ ferait un choix intelligent en se prononçant contre…

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