Un nouveau souffle pour le chantier

Par | 11 juin 2007 |

Article de Pierre Pelchat. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.


Photo: Raynald Lavoie – Le Soleil

 

Alors qu’on le croyait mort, incinéré et enterré l’automne dernier, le chantier naval de Davie Québec qu’on appelait les Industries Davie au moment de la faillite et MIL Davie dans un passé plus lointain reprendra vie graduellement à compter du mois d’août.

Au retour des vacances de la construction, 200 travailleurs seront à pied d’Å“uvre pour entamer le découpage des plaques d’acier en vue de la construction du premier des deux navires commandés par l’entreprise norvégienne Cecon.

« Au cours des semaines suivantes, on fera revenir d’autres travailleurs pour le montage des modules en ateliers », a indiqué, au Soleil, le président de Davie Québec, Gilles Gagné, lors d’une visite du chantier.

En octobre, on prévoit que la liste de paye comprendra les noms de 325 ouvriers et de 380 en décembre. La construction du deuxième navire débutera d’ici la fin de l’année. Plus de 600 travailleurs seront employés à l’été 2008 pour ce contrat de 265 millions $US sans compter la centaine d’employés de bureau, de dessinateurs, d’ingénieurs, d’architectes.

En comparaison, le projet de terminal méthanier Rabaska s’il voit le jour permettra l’embauche de 474 travailleurs de la construction sur une base annuelle pendant trois ans. Plusieurs viendront de l’extérieur de la région.

Ce ne serait qu’un début pour la Davie. Le contrat avec Cecon sera multiplié par trois et avoisinera le milliard de dollars canadiens si le client norvégien concrétise ses options d’achat de quatre autres navires du même type d’ici février 2008. Tout un revirement pour un chantier qui a frôlé le démantèlement.

L’entreprise mise sur d’autres contrats majeurs à venir dans le domaine du pétrole et du gaz en mer pour des navires et des plates-formes de forage. « Notre principal créneau est l’offshore. Nous regardons pour d’autres contrats », a affirmé M. Gagné qui détient une maîtrise en gestion de projets obtenue à l’Université du Québec de Rimouski.

Les deux navires pour Cecon seront assemblés dans la grande cale sèche libérant les lits de lancement pour d’autres navires à construire au besoin.

M. Gagné n’anticipe pas de problème majeur de recrutement de la main-d’Å“uvre. Au besoin, des programmes de formation spécifique seront mis en place.

Les préparatifs en vue d’amorcer la construction des navires avancent. L’immense atelier principal d’assemblage sera agrandi pour augmenter la capacité de fabrication de modules. Une section de l’atelier a été démolie pour être reconstruite. C’est la firme d’ingénierie BPR qui a été retenue pour réaliser ces travaux qu’on prévoit compléter avant la fin de l’été.

Pour l’heure, le chantier compte déjà plus de 160 employés dont plusieurs sont affectés à différents travaux de remise en état. On rafraîchit les bureaux avec une nouvelle couche de peinture. Des nouveaux tapis ont été posés.

Le propriétaire du chantier la firme norvégienne Teco aura investi à la Davie près de 20 millions $ avant que l’on débute la construction du premier navire.

Une commande de 5600 tonnes d’acier a été placée chez un fournisseur de la Pennsylvanie après avoir magasiné en Ukraine et en Chine. La livraison du métal qui servira à la construction du premier navire débutera à la fin de juillet et s’étendra sur trois mois.

« On nous livrera cet acier à raison de cinq camions-remorques par jour. Au total, ça prendra plus de 310 camions-remorques d’acier », a précisé le responsable des approvisionnements, Jean-Claude Houle.

Le même cycle de livraison d’acier reprendra en décembre pour bâtir le second navire.

Cecon a déjà une entente ferme de location de cinq ans des deux navires avec Deepflex une entreprise du Texas avec une possibilité de prolonger de trois ans. Ce contrat lui rapportera 112 millions $US. Deepflex utilisera les deux navires 150 jours par année. Le reste du temps, les bateaux spécialisés dans l’installation de canalisations en mer à une profondeur pouvant atteindre 2500 mètres seront employés par son propriétaire.

La fin des jours sombres
La relance de la Davie par Teco aura été le signal d’un départ, celui du président du syndicat, Richard Gauvin. Après 15 ans à la tête du syndicat et après avoir affronté de dures tempêtes, il vient de démissionner de son poste.

Figure bien connue dans les médias, le syndicaliste a été élu à un des deux postes de vice-président du Conseil central de Québec et de Chaudière-Appalaches de la CSN.

M. Gauvin est confiant que les jours sombres sont derrière le chantier naval qui a été géré par un syndic pendant cinq ans après avoir été mis en faillite.

« Il n’y aucun doute dans mon esprit que le nouveau propriétaire a des projets importants pour la Davie. J’y crois fermement. Il n’investit pas des sommes importantes comme il le fait actuellement pour juste deux navires à construire. Les profits sur ces navires ne couvrent pas les investissements », a-t-il soutenu.

Il n’en reconnaît pas moins qu’il y encore du scepticisme chez certains quant à la relance du chantier naval.

M. Gauvin croit que le rappel de main-d’Å“uvre sera plus important que prévoit la direction du chantier.

L’intérim à la présidence sera assuré par Paul-André Brulotte, actuel vice-président. Des élections auront lieu à l’automne.

51M$ en « bel argent neuf »
« De l’argent neuf. Du bel argent qui arrive de l’extérieur », a-t-on dit du premier contrat de 265 millions $US signé l’hiver dernier par Davie Québec.

« C’est de l’exportation. Les deux navires sont vendus à l’étranger », a résumé le président de Davie Québec, Gilles Gagné.

En salaires, ce sont 51 millions $ qui seront versés aux centaines d’employés de la Davie et à ceux d’autres entrepreneurs, selon les calculs du vice-président aux finances, Marc Veilleux.

Ce sera aussi le pactole pour les gouvernements fédéral et provincial qui verront aboutir dans leurs coffres plus de 25 millions $ en impôts sur le revenu, en cotisations à la Régie de l’assurance-maladie, à la Régie des rentes, à l’assurance-emploi, en taxe de vente, en TPS.

Ce contrat fera aussi tourner la roue de l’économie régionale. Avec les retombées indirectes, les gouvernements seront encore gagnants avec des revenus d’impôts, de taxes, de cotisations pour un autre 25 millions $.

Si l’option d’achat de quatre autres navires se concrétise, on peut mutliplier par trois ces données.

Au lieu de pertes de revenus de taxes, la Ville de Lévis verra ses revenus augmenter avec la reprise de l’activité au chantier naval. La reprise des activités à la Davie poussera à la hausse la valeur des propriétés dans l’ancien secteur de Lauzon.

L’impact de ce contrat auprès de fournisseurs québécois et canadiens n’est pas négligeable non plus mais n’a pas été comptabilisé dans cet exercice.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

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