Trois projets énergétiques à Lévis

Par | 27 janvier 2005 |

Article de Marc Saint-Pierre. Le Soleil.
Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Ultramar, Rabaska et énergie Cacouna souhaitent développer des pipelines.

Au train où naissent les projets énergétiques par les temps qui courent, le sous-sol de la ville de Lévis pourra devenir d’ici à 2009 un gruyère dans lequel passeront trois conduites de carburants.

Ces projets, ce sont ceux d’Ultramar, exploitante de la raffinerie de la route des îles, dans le centre de Lévis; de Rabaska, dont l’éventuel terminal méthanier sera joint à la tête du réseau gazier de Trans Québec et Maritimes (TQM), dans le quartier Saint-Nicolas, à l’ouest, par un gazoduc e quelques 45 kilomètres; et d’énergie Cacouna, qui a aussi en tête d’acheminer à Saint-Nicolas le gaz qu’elle tirera le cas échéant de son port méthanier du Bas-Saint-Laurent.

L’horizon de développement de ces trois projets de conduites d’énergie se situe à l’intérieur d’un horizon de quatre ans.

Ultramar a d’ores et déjà indiqué qu’elle cible la fin de l’été 2007 pour lancer les travaux de son projet de pipeline, destiner à alimenter son centre de distribution de Montréal-Est et qui aura dès lors le mérite de remplacer un Ultratrain par jour. Selon son échéancier préliminaire, la pétrolière prévoit la mise en service fin 2008 de son ouvrage de quelques 250 kilomètres.

Dans les propos de Louis Forget, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales d’Ultramar, il apparaît que la pétrolière ne lésinera pas sur les moyens en installant sa conduite de 16 pouces. « Le pipeline sera enfoui à un mètre de profondeur. Il sera vraiment souterrain partout. Il passera sous le lit des cours d’eau. Pour les routes, ce sera pareil », a-t-il indiqué au SOLEIL à l’occasion d’un entretien. « Tout ce qui va être visible, entre la raffinerie et Montréal, ce sont deux stations de pompage, cinq gares de raclage et des valves », a précisé M. Forget, notant que cet appareillage est de faible dimension.

Hypothèses
Le tracé du futur pipeline, porteur d’un investissement de 200 millions$, n’est par arrêté. Au fi des mois qui viennent, il s’agira de consulter la population et les administrations municipales pour, parmi trois hypothèses, M. Forget dixit, « établir quel tracé est le plus acceptable pour tout le monde ».

Des hypothèses de tracés, se dégage néanmoins déjà que l’entreprise a en tête de sortir le plus rapidement des zones habitées, quitte à franchir l’autoroute 20 dès le départ de la raffinerie. « 90 % du tracé se situe en zone agricole », a observé le porte-parole d’Ultramar. Là où le scénario se corsera le cas échéant, c’est quand se croiseront le pipeline et les éventuels gazoducs desservant les ports méthaniers de l’aval, Rabaska notamment.

« Nous allons rencontrer les gens de Rabaska dans les prochaines semaines. C’est possible qu’ils viennent nous rejoindre quelque part. Nous verrons. Ce qui est certain, c’est que nos échéanciers de mise en service ne sont pas les mêmes » a noté M. Forget.

Partant du centre lévisien, la conduite d’Ultramar filera vers la métropole, après avoir contourné par le sud la zone urbanisée du quartier Saint-Jean-Chrysostome. Il est établi que les tracés des éventuels gazoducs rejoignent la tête du réseau TQM, quelque part entre la route Marie-Victorin et le fleuve Saint-Laurent, eux aussi après avoir évité les zones urbanisées lévisiennes. Ceci implique inévitablement des croisements avec le pipeline.

Détail
Pour énergie Cacouna, qui planche sur un gazoduc de 300 millions$ partant du Bas-Saint-Laurent, « le point de raccordement le plus problable serait le terminal actuel du gazoduc de Trans Québec et Maritime (TQM), à Saint-Nicolas », Et s’il faut l’agrandir pour recevoir le gaz en provenance de deux ports méthaniers, qu’à cela ne tienne. Dans l’esprit du porte-parole, Andrew Pelletier, cela sera fait.

« C’est un détail. S’il faut faire des ajustements dans le gazoduc de Saint-Nicolas, nous le ferons », a-t-il indiqué. « Il y aura peut-être des ajustements à faire du point de vue contractuel. Il y a des échanges à l’interne à ce propos », a ajouté M. Pelletier, évoquant des pourparlers entre les deux usagers du réseau TQM, Gaz Métropolitain et TransCanada. Et de toute façon, ajoute-t-il en substance, du gaz entrant par le saint-Laurent pour desservir les marchés de l’est canadien, c’est ça de moins en gaz provenant de l’Ouest canadien.

Il y a quelques mois, un vice-président de Gaz Métropolitain, Jean Simard, avait indiqué qu’il n’y a pas de place pour les deux ports méthaniers au Québec parce que le réseau TQM ne serait pas en mesure le cas échéant de prendre ce nouvel afflux de gaz.

à ce propos, Rabska se fait discret. Des questions du SOLEIL sont demeurées sans écho. Mais sur le terrain, ses promoteurs s’activent. Ils rencontrent ces jours-ci les propriétaires des secteurs ruraux du Sud lévisien pour leur faire part de leur projet de gazoduc. Et qui, de source non confirmée, en sont déjà à demander des « autorisations pour relevés », en échange du versement immédiat d’espèces sonnantes et trébuchantes. Il ressort également de ces rencontres que Rabaska a en tête deux scénarios de tracés pour enfouir sa conduite, qui traverserait la 20 à la hauteur de son terminal, quitte à rejoindre Saint-Nicolas après avoir emprunté pour l’essentiel le territoire agricole. De quoi se développer linéairement sur quelques 375 hectares, en comptant une servitude permanente de 23 mètres de largeur sur un bande de sécurité de 60.

D’indications émanant des milieux ruraux, il ressort que des Lévisiens sont à jeter les bases d’un groupe de réflexion qui fait valoir d’ores et déjà qu’il n’y a pas urgence à signer des ententes avec le développeur.

Tous ces projets de conduites devront passer par les cribles des processus d’évaluation environnementale des gouvernements, notamment de celui de l’acceptabilité sociale. Et, quand il s’agit de traverser une voie routière, s’aligner sur les exigences du ministère des Transports.


Reproduit avec autorisation au moment de la publication.

Catégorie(s) : Industriel
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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