Déraillement de l’Ultratrain en 2004: le CN tarde à nettoyer

Par | 6 octobre 2013 |

Source : Le Soleil

Neuf ans après le déraillement de l’Ultratrain, à Lévis, des milliers de litres d’hydrocarbures contaminent toujours la tourbière de la Grande plée Bleue. Le CN doit régler prochainement les derniers détails d’un plan de réhabilitation avec le ministère de l’Environnement du Québec pendant que la Ville de Lévis tape du pied.

Le 17 août 2004, 18 wagons de l’Ultratrain en partance de la raffinerie Jean-Gaulin ont déraillé et déversé 225 000 litres d’essence et de diesel le long de la voie ferrée du CN, entre l’autoroute 20 et le chemin Ville-Marie, dans un secteur boisé où se trouvent quelques chalets.

Une grosse partie a été récupérée ou s’est évaporée dans les jours suivants. Mais il est resté une bonne quantité d’hydrocarbures -  53 000 litres selon l’évaluation du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, moins de 5000 litres selon le CN -  imbibés dans la tourbière.

Étude des dégâts
«Le CN a continué à surveiller et à réhabiliter le site depuis l’incident de 2004. Nous avons fait un suivi annuel de l’état de santé de la végétation ainsi qu’un suivi de l’eau souterraine et de surface», assure Nuria Pérez de León, directrice des communications d’entreprise pour le transporteur ferroviaire.

Il a toutefois fallu attendre 2007, donc trois ans après le déversement, pour que le CN dépose une demande d’approbation pour un premier plan de réhabilitation. Plusieurs documents et informations manquaient et le ministère de l’Environnement a jugé le plan «inacceptable», rappelle son porte-parole régional, Frédéric Fournier.

En 2010, le CN a fini par fournir son étude de caractérisation détaillant l’ampleur des dégâts et les méthodes envisagées pour remettre les lieux en ordre. Des échanges ont suivi sur les façons de faire.

«Ce n’est pas un déversement dans un sol standard où on excave tout et on remplit. On ne veut pas avoir plus d’impact sur la tourbière en décontaminant», explique M. Fournier.

Au début de 2012, soit près de huit ans après les faits, le ministère de l’Environnement a manifesté son impatience en envoyant un avis préalable à l’ordonnance. Il y annonçait son intention de forcer le dépôt d’un plan de réhabilitation en bonne et due forme.

Le CN a finalement déposé un autre plan en décembre. Des précisions ont été demandées en mai et les discussions se poursuivent depuis. Une rencontre est prévue dans les prochaines semaines pour en sceller le sort.

À l’heure actuelle, «la méthode privilégiée est l’injection d’oxygène dans les 30 premiers centimètres [de tourbe] pour favoriser la biodégradation et préserver le milieu naturel. Si cette méthode se révèle infructueuse après un ou deux ans, notre plan B serait de procéder à des excavations partielles», explique Mme Pérez de León.

La Ville «indisposée»
«Il n’y a aucun impact sur des puits d’eau potable, et l’eau de surface n’est affectée que dans un secteur très limité. La végétation est rétablie en quasi-totalité», ajoute-t-elle dans le courriel transmis au Soleil.

La Ville de Lévis, elle, se dit clairement «indisposée» par les délais et déplore un manque d’informations. «Il est clair que ce n’est pas souhaitable d’avoir un déversement dans une zone de conservation», dit Christian Brière, directeur des communications. Présentant l’administration municipale comme extérieure à la cause, il invite le ministère de l’Environnement à «faire respecter ses règles».

Le temps mis pour décontaminer la Grande plée Bleue a suscité son lot de questions lors de la dernière rencontre du comité de liaison de la raffinerie d’Ultramar, la semaine dernière. Dans le contexte de la tragédie de Lac-Mégantic, les représentants des citoyens veulent obtenir des garanties que le transport de pétrole, brut ou raffiné, se fera de façon sécuritaire, mais aussi que tout déversement accidentel sera nettoyé rapidement.

La Grande plée Bleue, milieu humide vieux de 6000 ans situé à une dizaine de kilomètres du

centre-ville de Lévis, vise l’obtention du statut de réserve écologique décerné par le gouvernement du Québec. Des infrastructures d’accueil et des sentiers doivent être aménagés sur une partie du site de presque 900 hectares (neuf fois les plaines d’Abraham), où se trouvent de nombreuses espèces végétales rares.


Article de Annie Morin. Reproduit avec autorisation.

Catégorie(s) : Non classé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *