Le vert fait l’unanimité à Lévis

Par | 5 mai 2006 |

Source : IciLevis.com

Près d’une quarantaine des 400 citoyens qui ont assisté à la consultation publique tenue par la Ville de Lévis, hier soir, ont exprimé leur opinion quant à l’implantation d’un port méthanier dans leur voisinage. Si la grande majorité a opté pour le vert environnemental, d’autres ont manifesté leur préférence pour le vert des billets de banque.

Une seule véritable alternative s’offre aux décideurs dans ce dossier : l’argent des retombées économiques ou la qualité de vie d’un environnement sain. Comme la Ville devra bientôt donner son avis sur le projet, elle a décidé de consulter ses citoyens.

Il est d’ores et déjà acquis que les associations à caractère environnemental seront contre le projet. Ça va de soi. Pour les mêmes raisons, la position de la Chambre de commerce de Lévis n’est plus un mystère.

Les deux clans ont bénéficié de plusieurs occasions pour faire valoir leurs idées et les médias ont largement rapporté celles-ci, mais les citoyens concernés n’avaient pas encore eu de tribune valable et c’est leur opinion que la Ville voulait connaître avant de déposer son mémoire.

Il a fallu bien du courage à ses « simples » citoyens pour prendre la parole devant une foule si imposante. Contrairement aux hommes d’affaires expérimentés et aux environnementalistes bien préparés, ces hommes et ces femmes sont venus parler avec leur cœur comme seul argument.

Sentiments partagés
Malgré ce qu’un quotidien de Québec affirme, tous les citoyens n’étaient pas contre le projet. Certains d’entre eux ont bien humblement admis qu’ils y voyaient l’occasion de se ramasser quelques dollars pour leur retraite ou l’opportunité de laisser un « héritage économique » à leurs petits-enfants.

« Ça me gênait de venir en avant pour faire valoir mon point de vue, surtout qu’il va à l’encontre de celui de bien des gens, mais j’ai décidé de le faire malgré tout. J’aimerais bien avoir une grande maison près du fleuve ou une retraite dorée et me dresser contre ces projets économiques qui perturbent mon espace, mais je suis dans un parc à roulotte et nous sommes entassés les uns sur les autres. Je dois me lever à 5h du matin pour gagner ma vie et ce sont des projets comme celui-là qui me permettront de le faire », a fait savoir un jeune entrepreneur de 35 ans.

Ces quelques citoyens qui voyaient une occasion pour Lévis d’améliorer sa santé économique, pourtant pas mal en point, ont candidement admis qu’ils n’habitaient pas dans le périmètre adjacent aux futures installations.

Témoignages émouvants
Peu de représentants de ces 350 familles se sont manifestés hier, mais tous étaient unanimes : si la Ville permettait à Rabaska de s’installer dans leur cour, elle serait complice « d’un viol », comme l’a laissé entendre une citoyenne émue.

Une jeune fille, qui parlait au nom de sa cousine, s’est courageusement présentée à l’avant pour dire non au projet. Malgré sa grande timidité et sa difficulté à verbaliser ses arguments, elle s’est tenue droite devant l’assemblée et sa seule présence a suffi à faire comprendre aux gens que ce projet la bouleversait.

Une autre femme s’est elle aussi présentée devant la foule pour livrer un témoignage rempli d’émotions avant de s’en retourner en larme.

Difficile de réconforter ces citoyens directement concernés avec des arguments économiques. Ce ne sont pas les 7 M$ de taxes annuelles (qui, selon un citoyen, représenteraient 63 $ par habitant) qui pourront les faire changer d’avis.

Après ces deux témoignages émouvants, un homme solide s’est adressé aux fonctionnaires municipaux. L’homme d’affaires qui est un membre de la Chambre de commerce a parlé d’une voix claire.

« Lorsque mon président, Stéphane Labrie, dit parler au nom de ses membres, ces faux ! J’habite à quelques pas des éventuelles installations et je suis directement concerné. Lorsque j’ai acheté mon terrain, la Ville m’a affirmé qu’il était zoné résidentiel et que celui l’autre côté de la rue était zoné agricole. Elle ne peut donc pas autoriser Rabaska à s’implanter dans ce secteur sans changer la réglementation de zonage et elle ne pourra pas le faire sans nous consulter. Si le contraire se produit, nous allons intenter des procédures judiciaires contre elle », a aviser le jeune comptable.

Précisons qu’à l’image de l’administration Roy-Marinelli, la consultation s’est déroulée dans le calme et dans le respect, ce qui n’a pas échappé aux citoyens présents.

« Je tiens à souligner le travail accompli par notre mairesse qui nous offre cette tribune dans un atmosphère respectueux. Cela fait changement de l’ancienne administration », a reconnu Mathieu Castonguay.

Les représentants de la Ville disent vouloir rencontrer les différentes organisations ou les citoyens qui voudraient bénéficier d’une rencontre privée avant de déposer leur mémoire.


Article de Alain Lessard. Reproduit avec autorisation.

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