Lévis dit non au terminal méthanier

Par | 5 octobre 2004 |

Article de Claude Vaillancourt. Le Soleil.

La Ville de Lévis vient de porter un dur coup au projet de construction, au coût de 700 millions de $, du port méthanier de Gaz Métropolitain à Lévis-Beaumont en votant, hier soir, à la surprise générale et sous les hourras de l’assistance, une résolution dans laquelle elle s’oppose fermement à l’implantation du terminal dans l’est de la municipalité.

Première municipalité à adopter une telle résolution, la Ville de Lévis lance pour ainsi dire la balle au consortium formé de Gaz Métro, Gaz de France et Endbridge dont la responsable du processus de consultation, louise Yoy, avait déclaré, il y a quelques semaines, à Beaumont, qu’il lui faudrait refaire ses devoirs si jamais Lévis s’opposait au projet Rabaska. Mme Roy, qui a habité la ville de Québec pendant 15 ans, est une spécialiste du domaine de la consultation. Le président de Gaz Métro, Robert Tessier, rappelait dans une lettre adressés à l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, qu’elle a agi comme vice-présidente du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement en plus d’avoir assumé la présidence de la Commission de consultation publique de la Communauté urbaine de Québec sur son projet d’usine d’épuration des eaux.

La résolution du conseil municipal de Lévis a pris de surprise la totalité des représentants du groupe Rabat-Joie, l’organisation qui s’oppose au projet depuis son annonce. Avant même que l’assemblée ne commence, ils étaient d’ailleurs plus d’une dizaine, alignés derrière un micro, pour questionner les élus de Lévis sur l’attitude qu’ils prendre dans ce dossier.

C’est le conseiller Jean-Claude Bouchard qui a pris charge de la résolution en début de séance, avant la période de questions des citoyens. Il a souligné le caractère agricole de la zone où serait implanté le terminal et la justesse des informations fournies aux élu(e)s et la population par le groupe Rabat-Joie. Il estime que l’étude déposée par le Dr James A. Fay démontre que la zone d’exclusion de 400 mètres, mise de l’avant par Gaz Métro et ses partenaires, n’est pas sécuritaire pour les citoyens de Lévis. « Il est du devoir du conseil municipal de Lévis de traduire l’opposition et les inquiétudes de ses citoyens face à ce projet controversé », a-t-il conclu.

Pour Gilles Lehouillier, qui l’a appuyé dans son projet de résolution, l’objectif du conseil municipal, au cours des dernières années, a été de redonner le fleuve à la population dans une politique de développement durable. «On doit dire à Gaz Métro et ses partenaires qu’ils ne sont pas les bienvenus chez nous» a-t-il lancé. « On doit dire non à des projets de ce types et de cette envergure. Notre démarche et d’enlever tout les activités industrielles en bordure du fleuve. » Venus d’un peu partout sur la Côte-du-Sud, les gens ne s’étonnaient guère, jusque-là, des propos des deux conseillers de l’opposition.

Surprise
Mais lorsque le pro-maire André Hamel, qui préside les débats en l’absence du maire Jean Garon, toujours en congé de maladie, s’est rangé du côté des conseillers, l’assistance a bondi. « Ce serait contraire à mon éthique de défendre le projet Rabaska, a-t-il fait savoir. Les gens de Rabat-Joie sont très intéressants. Le maire de Québec, Jean-Paul L’Allier, et le président du port de Québec, Ross Gaudreault, sont favorables, eux. Mais je ne sais pas si c’est la raison pour laquelle Gaz Métro a décidé de construire ses bureaux administratifs sur la Rive-Nord au coût de 5 millions $. » Appelant immédiatement ses collègues au vote, ceux-ci ont vite tranché en faveur de la proposition des conseillers Pierre Brochu, Jocelyn Olivier et Alain Lemaire s’y opposant. «Ce soir, c’est la démonstration que l’on n’est pas bâillonné par M. le maire», s’est plu à préciser le pro-maire, sourire aux lèvres.

Un débat public
Par ailleurs, la coalition croit que le rapport du Dr Fay (qui préconise une zone d’exclusion de six km au lieu des 400 mètres de Gaz Métro) a semé «l’émoi, sinon la panique, chez les promoteurs du projet Rabaska». «Leur réaction a provoqué l’annulation de la séance d’information qu’ils devaient tenir jeudi soir à Lévis, écris la coalition dans un communiqué. Dans une tentative de ne perdre la face, ils ont conclu que le Dr Fay ne faisait que du copier-coller avec d’autres rapports concernant d’autres projet de terminaux.»

« Le Dr fay a été insulté par les remarques de Gaz Métro », a dit le président de Rabat-Joie, Christian Ruel. «Il serait ravi de venir dans la région afin de discuter des normes de sécurité avec les promoteurs de Rabaska dans un débat ouvert au public. Fixez l’heure et la date », a-t-il conclu.


Reproduit avec autorisation.

Catégorie(s) : Industriel,  Transports
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À propos de Pascal Petitclerc

Originaire du quartier Saint-Sauveur dans la basse-ville de Québec, Pascal a depuis longtemps été intéressé par l'urbanisme et l'aménagement du territoire. Il a créé Lévis Urbain en 2003, en s'inspirant de Québec Urbain, pour palier à certaines lacunes de l’époque en ce qui a trait à l’information véhiculé sur l’urbanisme, le transport en commun, l’environnement, les projets immobiliers et commerciaux et l’aménagement du territoire dans les médias régionaux du Québec métropolitain.

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